Cover Olivier Assayas - Commentaires

Olivier Assayas - Commentaires

Réalisateur doué et imprévisible, qui aime à se frotter à des genres différents tout en expérimentant chaque fois un style adapté à son sujet, Assayas est de ces personnalités riches et stimulantes qui comptent dans le cinéma français. Je n’aime pas tout mais ses films sont souvent au moins ...

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13 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 5 ans

Désordre
5.8

Désordre (1986)

1 h 35 min. Sortie : 12 novembre 1986 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

À partir d’un casse minable soldé par un meurtre imbécile, Assayas analyse l’agonie solitaire d’êtres traumatisés, satellisés dans une irréalité impalpable, un enfer ouaté. Les couples se défont, les alliances éclatent, la vie est comme rongée par un poison lent. Ces jeunes rockeurs complices du même secret maudit qui les englue sont plongés malgré eux dans un bain de nuit, au propre comme au figuré : l’image est sombre, toute en contrejours, et la mise en scène épouse les ténèbres intérieures des personnages. On n’a aucune difficulté à reconnaître ici l’inspiration tourmentée de Téchiné, pour lequel le cinéaste fut scénariste. Aucun mal non plus à inventorier tous les écueils et clichés de ce jeune cinéma français, maussade, geignard, doloriste, qui se complaît dans le désarroi d’une génération déchirée.

Paris s'éveille
5.9

Paris s'éveille (1991)

1 h 35 min. Sortie : 27 novembre 1991 (France). Comédie dramatique

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Une histoire de jeunes Parisiens sans le sou, errant de laveries en squats sordides, tourmentés par les égarements du cœur et l’impossibilité d’échapper au sentiment de solitude. Il fuit un fait divers louche et retrouve un père immature et fantasque. Elle se veut toujours en représentation et vit enchifrenée de rêves et de fausses espérances. Écorchés dans un monde peuplé d’ombres et de fantômes, leur désir n’entre jamais en harmonie avec le réel qui les entoure. Il en va ainsi de cette chronique du mal-être contemporain, qui aimerait faire respirer l’air du temps mais achoppe sur des simagrées spécieuses (Godrèche et son jeu bien crispant), qui voudrait se hisser à la hauteur des plus grands (la caméra danse et virevolte sans timidité) mais peine à dépasser les limites d’un romanesque passablement affecté.

L'Eau froide
6.5

L'Eau froide (1994)

1 h 32 min. Sortie : 6 juillet 1994 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Assayas apporte sa voix à la série de téléfilms sur l’adolescence commandée par Arte (dont participent notamment les beaux "Roseaux Sauvages" de Téchiné). Elle est séduisante mais agaçante, à l’image de son héroïne revêche et rebelle, mal dans sa peau, les cheveux constamment dans les yeux. Tous les lieux communs sont dans la place (famille en crise, mal-être, rupture, fuite vers un idéal illusoire), nourrissant de leur humeur hivernale une réflexion sur la difficulté de quitter l’enfance et d’accepter la dureté du monde. Cette course initiatique vers l’âge adulte est interrompue par des haltes étranges, une fête en pleine forêt où Janis Joplin entonne son "Bobby McGee", les Creedence leur "Up around the bend" : ça décolle un moment, avant de retomber dans le train-train un peu futile du cinéma-d’auteur-français.

Irma Vep
6.7

Irma Vep (1996)

1 h 38 min. Sortie : 13 novembre 1996. Drame, Fantastique

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Jean-Pierre Léaud, metteur en scène limite nervous breakdown, engage Maggie Cheung pour remaker Feuillade. Assayas aligne ce genre de collisions culturelles avec le même ton désinvolte, incongru, facétieux. Les nuits de Paris sont baignées des airs de Sonic Youth ou d’Ali Farka, un journaliste branché John Woo conchie le cinéma intellectuel, un réalisateur un peu décalqué accepte de reprendre le projet parce qu’il arrive en bout d’Assedic (sic). Narcissisme des uns, mesquinerie des autres, douce et succulente folie d’une ruche bourdonnante observée avec tendresse, à la solde du cinéma et de sa singulière magie : du directeur de production sur les dents (coucou Alex Descas) à la costumière enhardie (salut Nathalie Richard) qui en pince pour la superbe, la divine, la gracieuse Maggie.

Fin août, début septembre
6.3

Fin août, début septembre (1999)

1 h 52 min. Sortie : 10 février 1999 (France). Comédie dramatique

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Après son détour vers la fantaisie sophistiquée, Assayas semble vouloir faire un grand saut dans l’âge adulte, conjuguer pudeur et franchise, émotion et drôlerie. Cela ne va pas sans accrocs ou affectations – telle cette caméra portée toujours fébrile, effet de signature un peu trop voyant. Pourtant, entre volonté d’arrachement et rêve romanesque qui ne veut pas mourir, le film fonctionne, dépasse le catalogue de clichés, de représentations, d’idées toutes faites qui traversent un moment de la société française. À égale distance de Desplechin, Chéreau et Téchiné, le cinéaste problématise dans une forme syncopée l’amour et l’amitié, les expériences du deuil, de la séparation, de l’engagement difficile, tout un feuilleté sentimental auquel les acteurs, excellents, apportent un atout décisif.

Les Destinées sentimentales
6

Les Destinées sentimentales (2000)

3 h. Sortie : 12 juillet 2000 (France). Comédie dramatique

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Trente ans de la vie d’un couple, tandis qu’autour de lui le monde tremble, que les esprits changent, que les familles industrielles du cognac et de la porcelaine s’effondrent. Entre étude psychologique et chronique historique, Assayas tente de saisir dans sa durée toute une évolution dynastique, de la défaite d’une union mal assortie à l’aventure d’un autre amour sur fond d’engagement social. Il structure son récit autour de trois parties distinctes, déjouant bien des pièges inhérents au film à costumes sans pour autant refuser du s’y confronter. Si le tempo ralenti parvient à restituer une certaine grandeur mélancolique et provinciale, si l’analyse du milieu protestant, charentais et austère du début du XXème siècle ne manque pas d’acuité, l’ensemble frise un académisme qualité France qui me laisse assez froid.

Demonlover
5.3

Demonlover (2002)

2 h 09 min. Sortie : 6 novembre 2002. Thriller, Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

Bienvenue dans le cybermonde. S’inspirant vaguement de "Videodrome" (un site Internet qui propose de la torture live), Assayas prouve une nouvelle fois qu’il ne tient pas à se cantonner à un genre et plonge dans les méandres noirs et complexes d’un thriller d’espionnage anticipatif en eaux troubles, dont le nœud de l’action outrepasse sans doute toute crédibilité. L’univers high-tech des nouveaux vampires de l’industrie du fantasme y génère des luttes d’argent et de sexe passant prioritairement par les femmes. Le goût du pouvoir et de la manipulation gouverne une réflexion assez captivante sur les ambigüités de l’image, la confusion du réel et du virtuel et la déshumanisation de l’entreprise moderne, mais les expérimentations alambiquées du cinéaste se perdent un peu trop souvent dans la confusion.

Clean
6.6

Clean (2004)

1 h 51 min. Sortie : 1 septembre 2004 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Portrait poignant d’une chanteuse à la dérive, luttant contre ses vieux démons, cherchant à prouver sa volonté de s’amender, de gagner sa vie sans plus la gâcher, de reconquérir l’amour de son petit garçon. À travers elle, le cinéaste raconte une quête de rédemption à la fois chaotique, lumineuse et douloureuse, qui refuse toute sensiblerie au profit d’une proximité âpre, brute, à fleur de peau. S’il filme le monde du rock branché avec une sensorialité toute musicale, captant silhouettes fatiguées, néons blafards et nuits électriques avec une très belle expressivité poétique, c’est à son héroïne en reconstruction qu’il accorde toute son attention, figure écorchée à laquelle Maggie Cheung prête sa sensibilité fragile, superbement entourée par quelques seconds rôles vibrants d’humanité (Nick Nolte, Béatrice Dalle).

L'Heure d'été
6

L'Heure d'été (2008)

1 h 40 min. Sortie : 5 mars 2008 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La carrière d’Assayas balance entre des films de genre réfléchissant les mutations de la modernité mondialisée et des œuvres plus classiques où il se fait comme le dépositaire d’un art de vivre attaché à la valeur du passé. Ainsi de cette chronique excellemment interprétée, à la fois sereine et inquiète, chaleureuse et mélancolique, qui croque une famille d’exilés réunis un dernier été autour d’une aïeule soucieuse de transmettre la mémoire de son oncle peintre. Méditation sur le deuil, les héritages à porter et à partager, la contradiction entre la valeur marchande et le poids sentimental, elle se défait avec une certaine grâce d’un genre difficile et contraignant. Mais la conclusion artificielle prouve à nouveau que le cinéaste, malgré les efforts qu’il se donne, est infichu de filmer correctement la jeunesse.

Carlos
6.6

Carlos (2010)

2 h 45 min. Sortie : 7 juillet 2010. Biopic, Drame, Historique

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

On croit connaître par cœur les fresques biographiques consacrées à des personnages bigger than life. Mais Assayas orchestre avec une urgence fiévreuse et la souplesse d’un félin cette épopée saisissante dont le récit passe en un souffle tout en saisissant deux décennies de géopolitique mondiale. S’y dessine le portrait fascinant et contrasté d’un idéologue ambigu, insaisissable, qui évolue en épave sans idéaux, sans patrie et sans avenir à mesure qu’il devient une vedette du terrorisme. Tourmenté tant par ses ennemis que par ses pulsions, il est coupable et victime d’un système qui dévore les utopies tout en les exploitant. Le film explose frontières géographiques, genres et temporalités avec une maîtrise assez phénoménale de la narration et le concours flamboyant d’un acteur monstrueux de présence.
Top 10 Année 2010 :
http://lc.cx/UPB

Après mai
5.1

Après mai (2012)

2 h 02 min. Sortie : 14 novembre 2012 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Il existe dans le cinéma français une forme de complaisance très égocentrique vis-à-vis de l’héritage de mai 68, que cet autoportrait périodique qui se voudrait roman des origines traduit de façon symptomatique. Le décorum convoqué (de la manifestation réprimée de 1971 à la formation des groupes Medvedkine) ne carbure au fond qu'à l’image d’Épinal, en l’enduisant d’une bonne couche de caution intello-culturelle. Il vise à l’autocélébration nombriliste de celui qu’Assayas était, et de tous les étudiants bourgeois à baffer, enfermés dans leur petit microcosme ultra-politisé, qui jouaient aux révolutionnaires et aux artistes bohèmes (mais de façon très sérieuse : à aucun moment on ne s’amuse ni même ne sourit). Tout cela est toujours moins chiant que chez Garrel, mais peut-être aussi agaçant.

Sils Maria
6.5

Sils Maria (2014)

Clouds of Sils Maria

2 h 04 min. Sortie : 20 août 2014 (France). Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Les femmes, le théâtre, le cinéma, les actrices… et la tranquillité grandiose des paysages suisses alpins, comme pour se démarquer des grandes œuvres qu’Assayas a dans sa ligne de mire, à commencer par l’inégalable "Opening Night". Car il est bien question ici de la remise en question d’une comédienne, de son vacillement face à ce que la pièce renvoie d’un vécu fait de recherche, de création et d’incertitudes. Les jeux de miroir entre fiction et réalité, entre la génération vieillissante et la nouvelle, entre la star et son assistante, entre la frénésie contemporaine du gossip et de la célébrité éphémère et la permanence des vallées où se glisse le serpent du temps qui passe semblent presque trop évidents, mais indiscutablement le film accorde avec harmonie la limpidité de sa forme et la richesse de son sujet.

Personal Shopper
5.8

Personal Shopper (2016)

1 h 45 min. Sortie : 14 décembre 2016. Fantastique, Thriller, Drame

Film de Olivier Assayas

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le passage est souvent vite franchi entre la mansuétude accordée à un cinéaste désireux de faire bouger les lignes et la perplexité un peu navrée devant la pauvreté des moyens mis en œuvre pour y parvenir. Et la frontière bien mince entre l’attention captivée par une mise en scène élégante et sans artifices et l’embarras provoqué par la vacuité du propos qu’elle peine à dissimuler. Tel est le régime permanent de ce film pas honteux mais globalement inodore, souvent aussi ectoplasmique que son sujet, où Assayas s’obstine à ne jamais lâcher le wagon de l’hypermodernité (communications, réseaux et medias high tech en continu) tout s’abreuvant à la source d’un fantastique assez ringard qu’il cherche en vain à dynamiser. La conclusion, tentative artificielle de noyer le poisson, ne relève pas la barre.

Thaddeus

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