Cover Robert Wise - Commentaires

Robert Wise - Commentaires

De l’aube des années quarante (il fut le monteur de "Citizen Kane") au crépuscule des années soixante-dix (il dirigea la première transposition d’une des séries les plus populaires du petit écran), Robert Wise a traversé l’histoire d’Hollywood et signé quelques uns de ses plus grands succès. S’il n’a ...

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11 films

créee il y a presque 11 ans · modifiée il y a plus d’un an

Né pour tuer
6.7

Né pour tuer (1947)

Born to Kill

1 h 32 min. Sortie : 11 août 1948 (France). Film noir, Drame

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

On se croit d’abord embarqué dans un polar âpre, sec et violent, puis on bifurque vers un genre de comédie macabre (avec un personnage de détective privé dont le regard moqueur s’identifie à celui du réalisateur), avant de basculer dans le drame tortueux. Mais loin de s’avérer fertile, le mélange des genres accuse hélas un déséquilibre patent, aggravé par les approximations de l’écriture (nombre d’articulations dramatiques et de motivations psychologiques frisent l’inepte) et les faiblesses de l’interprétation (Lawrence Tierney est monolithique). Reste cette réelle singularité consistant à faire des personnages principaux des êtres antipathiques, vils, névrosés, sans morale ni scrupules, animés par leurs obsessions sexuelles et privés de toute rédemption. "Assurance sur la Mort" commence à faire des petits.

Nous avons gagné ce soir
7.9

Nous avons gagné ce soir (1949)

The Set-Up

1 h 13 min. Sortie : 14 octobre 1949 (France). Drame, Sport, Film noir

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le film noir américain entretient un rapport étroit avec le réalisme social. Un peu à la manière de Huston et de son "Asphalt Jungle" sorti un an plus tard, Robert Wise réfute les enluminures du genre et favorise la dimension humaine d’une histoire simple et cruelle dont le cadre a valeur de document. Il décrit le monde de la nuit et des perdants en quête d’honneur, revigorés par un sursaut de dignité payé au prix cher, et l’envers d’une société du spectacle qui truque les matchs, invite le public à se repaître de la douleur fatiguée des boxeurs envoyés sur le ring comme à l’abattoir. Le tout emballé et pesé en soixante-douze minutes justes, sèches et concises de temps réel, qui du wellesien plan-séquence d’ouverture au travelling final imposent un brio technique sans apprêt.

Le Jour où la Terre s'arrêta
7.3

Le Jour où la Terre s'arrêta (1951)

The Day the Earth Stood Still

1 h 32 min. Sortie : 18 septembre 1952 (France). Science-fiction, Drame

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Un envoyé du Ciel d’inspiration ouvertement messianique se heurte à l’esprit suspicieux et belliciste des hommes, meurt puis renaît pour leur salut. Et pour se montrer un peu plus persuasif, il est accompagné d’un robot de destruction massive aux allures de gros Playmobil-Bibendum en caoutchouc. Ok. Symptomatique d’une époque qui usait de la SF comme métaphore idéologique, pour délivrer un message de coexistence pacifiste, ce classique du genre apparaît essentiellement circonscrit à ce qu’il révèle des angoisses et des doutes de son temps, articulant une suite de symboles autour de l’ovni, du savant, du politique, du militaire, de la famille américaine : notions sommaires mais efficaces, dont la sagesse est parasitée par un simplisme aujourd’hui un brin désuet.

Le Coup de l'escalier
7.2

Le Coup de l'escalier (1959)

Odds Against Tomorrow

1 h 36 min. Sortie : 29 janvier 1960 (France). Film noir

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Deux ans avant l’explosion chromatique de "West Side Story", Wise plongeait dans les entrailles de New York, captait l’atmosphère de lieux banals et insolites à la fois : un coin de Central Park, un bar de quartier, un terrain vague. Définis par des caractères tracés au couteau et par un contexte social, moral et politique très précis, les personnages y parlent de la guerre atomique, de Cap Canaveral, des Spoutniks. Pauvres gars écrasés par des tabous extérieurs et leurs propres inhibitions, dont le plan bute sur une aberration absurde : le racisme. La nervosité du style, le halètement des actions, la technique hachée où les pauses prennent figures de ponctuation contribuent à la réussite exemplaire de ce polar sec, haletant, cerné par la fatalité, qui n’a pas vraiment à rougir de "The Asphalt Jungle" ou de "L’Ultime Razzia".

West Side Story
7.1

West Side Story (1961)

2 h 33 min. Sortie : 3 mars 1962 (France). Comédie musicale, Drame, Romance

Film de Robert Wise et Jerome Robbins

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Avant que la comédie musicale ne capitule définitivement devant l’avènement des cultures rock et disco, Wise et Robbins y introduisent un look moderne nourri du parfum de la rue, de la fureur de vivre des "rebelles sans cause", et en déplacent le centre de gravité du côté de Shakespeare. L’approche réaliste du sujet s’accommode d’une fougue ponctuellement enivrante, les fanfaronnades et l’agressivité des bandes rivales se heurtent à l’éternel dilemme d’un amour impossible, le dynamisme du style et l’hétérogénéité de la musique (au carrefour du classique, du jazz et de la variété) surexpriment situations et sentiments et font bouger les lignes d’une exécution professionnelle mais un peu statique. Un film aussi célèbre qu’inégal donc, qu’il me faudrait revoir d’un œil neuf, car cela fait très longtemps.

Deux sur la balançoire
6.7

Deux sur la balançoire (1962)

Two for the Seesaw

1 h 59 min. Sortie : 3 avril 1963 (France). Drame, Romance

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Parce qu’il est adapté d’une pièce de William Gibson souvent reprise sur scène, on serait tenté de qualifier ce drame aux dialogues et aux situations très psychologiques de théâtre filmé. Ce qui ne l’empêche pas de briller de maintes qualités, ni de dégager un charme particulier dans sa façon insidieuse de jouer sur nos nerfs et notre sensibilité. Wise ne triche pas sur les conventions du genre par des artifices techniques qui masqueraient ses incertitudes et insuffle une vraie chaleur à la rencontre de deux solitudes mal accordées, de deux êtres trouvant dans leur éphémère idylle un nouvel équilibre et un nouveau goût d’aimer. Dans cet exercice de thèmes et de variations, ce sont les acteurs qui emportent d’abord l’adhésion : Robert Mitchum, avec sa force tranquille, et Shirley MacLaine, bohème cabossée.

La Maison du diable
7.4

La Maison du diable (1963)

The Haunting

1 h 52 min. Sortie : 4 mars 1964 (France). Épouvante-Horreur

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Elle craque, elle respire, elle ricane, elle gémit cette maison du diable. L’efficacité avec laquelle Wise parvient à rendre compte d’une réalité surnaturelle, à forcer notre perception de spectateur en recourant aux effets suggestifs, en faisant travailler l’imagination bien davantage que le sursaut facile, est à cet égard plutôt bluffante. D’autant qu’il sait créer des caractères sommaires mais crédibles et apporter une humanité fragile à son portrait de femme borderline, progressivement gagnée par la folie des lieux. Reste que le film, un peu trop démonstratif et verrouillé, manque de trouble, de mystère, de vénéneuse ambiguïté, et plus profondément du lyrisme de la sincérité – toutes qualités qui brillaient dans les admirables "Innocents" de Jack Clayton, la grande réussite du cinéma fantastique de l’époque.

La Mélodie du bonheur
7.1

La Mélodie du bonheur (1965)

The Sound of Music

2 h 54 min. Sortie : 17 février 1966 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Des montagnes enneigées, des lacs paisibles et des pâturages verdoyants, une grande maison exotique de Salzbourg avec capitaine veuf et bambins adorables, la montée nazie en discrète toile de fond, et des tonnes de gentillesse mielleuse comme unique horizon, une overdose de bons sentiments jusqu’à l’indigestion. Julie Andrews est charmante, qui reprend le rôle de super-gouvernante qu’elle tenait un an plus tôt dans "Mary Poppins", Wise emballe l’affaire avec un métier très sûr d’artisan rodé aux conventions hollywoodiennes – et la comédie musicale, évidemment, remporta le succès phénoménal et les Oscars auxquels il était prédestiné. Sa fraîcheur a beau attirer la bienveillance et sa drôlerie faire parfois mouche, ses trois heures de mièvrerie sucrée paraissent bien longues.

La Canonnière du Yang-Tsé
7.3

La Canonnière du Yang-Tsé (1966)

The Sand Pebbles

3 h 02 min. Sortie : 8 février 1967 (France). Drame, Guerre

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Cette canonnière, qui patrouille dans la Chine de 1926 agitée par les premiers soulèvements nationalistes et anti-occidentaux, charrie dans ses eaux troubles quelques flots d’ambigüité. Une phrase de pacifisme et d’apostolisme alterne avec une harangue patriotarde sur la mission civilisatrice des Américains, un glissement vers la xénophobie inconsciente précède un argument irréfutable de l’institutrice libérale au marine… Dans un film par ailleurs soucieux de préserver les nuances de chaque personnage (du héros cabochard mais brave cœur au commandant maniant la chèvre et le chou) et généreux en moments dramatiquement forts (le match de boxe, le supplice sur la berge, le siège du navire par les jonques), un tel refus du discours péremptoire est une qualité qui enrichit la valeur du spectacle.

Le Mystère Andromède
6.9

Le Mystère Andromède (1971)

The Andromeda Strain

2 h 11 min. Sortie : 19 avril 1972 (France). Science-fiction, Thriller

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le roman de Crichton exploitait une situation traditionnelle de science-fiction (la menace que fait peser une forme de vie extraterrestre sur la terre) en empruntant peu aux formes romanesques usuelles. Cette adaptation accentue une orientation similaire et privilégie une approche factuelle, sèche, quasi documentaire, soumise à une progression narrative et un découpage serré qui traitent la fiction comme "les quatre jours qui ébranlèrent le monde". Le suspense qui en résulte est souvent palpitant, fondé sur une hypothèse d’autant plus effrayante qu’elle reste toujours plausible. Il mêle habilement la manière du reportage et l’effet visuel, l’incidence humaine et la répercussion technologique, et démontre le pouvoir de l’homme et de la science contre le fonctionnement aveugle d’une machine destructrice.

Star Trek - Le Film
6.2

Star Trek - Le Film (1979)

Star Trek: The Motion Picture

2 h 12 min. Sortie : 19 mars 1980 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Robert Wise

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

1977, la NASA envoie les sondes Voyager aux confins du système solaire. Deux ans plus tard, la première transposition de la série sur grand écran intègre ce programme spatial comme moteur d’une captivante réflexion matérialiste sur le rapport de l’homme (toujours au centre de la morale et de l’action) au savoir et à la technologie. Car si celle-ci se développe à une vitesse telle qu’elle ne permet plus de comprendre des procédés anciens, le cerveau et la mémoire humaine pallient ses défaillances. Attentif à l’équilibre interne du film, Wise offre un spectacle adulte et intelligent qui s’impose également, par la qualité de ses décors et effets spéciaux, comme une très belle réussite plastique. L’empire du cinéma est ainsi maintenu pleinement dans le domaine de l’imaginaire, et l’aventure plus que jamais possible.

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