Cover Sam Mendes - Commentaires

Sam Mendes - Commentaires

Le succès d’estime de son premier film a assuré d’emblée une réputation un peu gonflée à ce réalisateur britannique venu du théâtre, et dont la carrière a ensuite essentiellement été celle d’un cinéaste de prestige : sujets sérieux, grandes vedettes, forme et et technique infaillibles au service ...

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8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 1 an

American Beauty
7.8

American Beauty (1999)

American Beauty

2 h 02 min. Sortie : 2 février 2000 (France). Drame

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Comme bien d’autres avant lui, Mendes prend pour cible l’hypocrisie et la fragilité d’un bonheur faussement douillet, dévoile les névroses, les non-dits, les vices, les frustrations et fantasmes dérisoires qui se cachent derrière les façades ripolinées des banlieues bourgeoises. Tour à tour provocateur et mélancolique, il cherche à faire rire de l’absurdité de la comédie humaine, de la douleur des matins où l’on n’attend plus rien d’une vie mutilée et sacrifiée au culte de valeurs médiocres. Mais ce film-symptôme, à la fois dans son sujet (la dégradation et les faux-semblants de la société américaine) et en tant qu’objet (il relève d’une certaine tendance satirique), peut aussi agacer par ses intentions calculées, son cynisme que compensent à peine la douleur, les turpitudes et les contradictions des personnages.

Les Sentiers de la perdition
7

Les Sentiers de la perdition (2002)

Road to Perdition

1 h 57 min. Sortie : 11 septembre 2002 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Transformer mister Nice Guy en porte-flingues mafieux, le regard noyé dans l’ombre de son borsalino, sanglé dans un manteau aux allures de cercueil, il fallait l’oser. C’est sans doute la plus grande audace de ce polar crépusculaire filmé comme un road-movie asthénique, dont le rythme cotonneux suscite une vague torpeur. Si le cinéaste excelle dans les détails, les contrepoints frappants et autres afféteries visuelles (un double reflet dans une porte vitrée, une longue fusillade silencieuse), s’il peaufine chaque scène comme un théâtre d’ombres où la brume, la pluie, la neige et la nuit, matières vivantes malaxées par la lumière, ont plus de chair que les personnages, il peine à trouver l’essence tragique du récit, à faire naître l’émotion d’un périple au bout de la fatalité qui a tout de l’exercice un peu trop appliqué.

Jarhead - La Fin de l'innocence
6.8

Jarhead - La Fin de l'innocence (2005)

Jarhead

2 h 05 min. Sortie : 11 janvier 2006 (France). Drame, Guerre

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Changement de programme et direction le film de guerre, ses scènes de chambrée viriles, ses colonnades d’obéissants troufions humiliés par un sergent vociférant. Pour le héros et ses potes musculeux qui débarquent dans l’inhospitalier désert saoudien en pleine guerre du Golfe, le temps est venu de se ronger le frein de la frustration : eux qui se rêvaient en Bloody Marines ne tireront pas une seule bastos. Le cinéaste agit lui en sniper caustique d’Hollywood, met l’accent sur l’absurdité du conflit sans jamais enfoncer la pédale du didactisme et montre une Amérique rejouant et surjouant sa primitive mascarade. Celle-ci devient ainsi une expérience attentiste et dérisoire, qui donne un violent coup de bâton sur la nuque de ces soldats abreuvés de mythologie militaire, et dont on ressort la fleur au fusil.

Les Noces rebelles
7

Les Noces rebelles (2008)

Revolutionary Road

1 h 59 min. Sortie : 21 janvier 2009 (France). Drame

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Reformer le dernier couple légendaire du cinéma était un coup de poker audacieux. Le "miscatsing" des deux stars dans des emplois lambdas, la somme de leurs boires et déboires pour y faire bonne figure sans lasser ni sombrer dans le surjeu, demeure le principal atout de cette étude psychologique très appliquée : chargée du poids des années, elle trouve un supplément d’authenticité, une force certes pesante mais patente. Leur face-à-face dessine, comme dans "American Beauty" mais sur un mode plus désenchanté, un cimetière d’illusions conjugales et d’aspirations sacrifiées sur l’autel du bonheur normé et étouffant de ces fifties jadis décrites par Douglas Sirk, avec ses mirages et ses ruines. Si le film est d’une tenue très respectable, il est juste un peu trop prévisible, un peu trop sage, un peu trop… Mendes.

Away We Go
6.5

Away We Go (2009)

1 h 38 min. Sortie : 4 novembre 2009 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 3/10.

Annotation :

Secondes noces en moins d’un an pour le réalisateur, non sans quelque logique conservatrice : après avoir décrit la vanité de la révolte dans le précédent film, il prescrit un feel good movie qui en est l’antithèse. On y voit un petit couple trop mignon, anxieux quant à la prochaine venue au monde de leur enfant mais lié par un indéfectible amour (versant lourdement sentimentaliste) entamer une odyssée à travers une Amérique désordonnée et désinvolte pour rencontrer leurs parents et amis, tous plus azimutés les uns que les autres (versant voulu corrosif). Retour aux vieilles branches et aux fortes racines, ce cinéma gentiment écologisant est une apologie pépère de la maternité sereine et de l’immobilité nostalgique, que son mépris mesquin vis-à-vis de la ménagerie humaine rend vraiment antipathique.

Skyfall
7.1

Skyfall (2012)

2 h 23 min. Sortie : 26 octobre 2012. Action, Aventure, Thriller

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

En se payant le luxe d’un réalisateur oscarisé, la franchise emprunte en quelque sorte la voie crépusculaire sur laquelle Nolan avait engagé son Batman. Au rayon des points positifs, on relèvera la cinégénie des décors (des tons ocres et mauves de la lande écossaise à l’architecture futuriste, aux néons et à la splendeur insolente du "skyline" de Shanghaï, magnifiés par la photographie de Deakins), la bonne idée de faire de M la vraie James Bond girl, le numéro halluciné de Bardem, une actualisation pertinente des enjeux bondiens et un dialogue amusant avec le passé de la mythologie. À celui des mauvais, on regrettera un scénario téléguidé qui fait parfois pschit et on se demandera pourquoi il faut aux blockbusters actuels deux longues heures et demie pour boucler une intrigue qui en nécessitait nettement moins.

1917
7.6

1917 (2019)

1 h 59 min. Sortie : 15 janvier 2020 (France). Drame, Guerre

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Que la guerre est horrible, quelle la guerre est belle – surtout lorsque les ruines sont artistiquement illuminées par l’orangé des fusées éclairantes. Depuis toujours on compose avec l’idée douteuse qu’au cinéma la guerre est un spectacle. Engagée dans une prouesse technique dissimulant tant bien que mal son brio, la caméra en fait ici un diorama. Elle invite à une expérience d’immersion qui fonderait sa légitimité dans son seul dispositif et trouverait son achèvement dans l’illusion du spectateur de se trouver à la place du biffin taraudé par l’angoisse de la mort soudaine, évoluant au milieu du chaos, courant comme un dératé sous les obus, avant de connaître la délivrance coupable de la survie. À défaut de susciter l’adhésion (morale) et l’enthousiasme (cinéphile), la proposition est assurément efficace.

Empire of Light
6.5

Empire of Light (2022)

1 h 59 min. Sortie : 1 mars 2023 (France). Drame, Romance

Film de Sam Mendes

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est à l’évidence une entreprise toute personnelle que mène le réalisateur en évoquant la rencontre de deux êtres qui se trouvent et de leurs frémissements d’âmes dans un cinéma filmé comme un temple solennel. Nostalgie, regret, admiration se mêlent au fil de cette ode aux laissés-pour-compte de la toute jeune Angleterre thatcherienne, où la vie s’échappe, où la pauvreté se cherche des boucs émissaires mais où la magie de la salle obscure agit comme un baume avec son faisceau lumineux ouvrant tout grand le cœur et les yeux. Certes le film n’est pas sans une certaine pesanteur académique, mais pour qui accepte de se lover dans sa douceur, enveloppante comme le velours des banquettes vert émeraude, elle participe avec une conviction touchante à conjurer le désenchantement du monde.

Thaddeus

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