https://www.youtube.com/watch?v=Py_-3di1yx0
(On parle de la version longue, bien sûr.)
Avant le clip-fleuve aussi épique qu'égocentrique, Lana Del Rey et Anthony Mandler ont pondu un premier chef-d'oeuvre. Formellement riche et foisonnant (des traversées d'étendues infinies du midwest aux explosions noir et or de feux de camps, en passant par la fumée triste des night clubs, et le drapeau américain dont s'enveloppe la chanteuse à l'aube, sous le vent matinal), le tout magnifié par la patine des vieux appareils photos du type Lomo, qui rend tout immédiatement sexy, et brillamment monté, cette sorte de clip redux du génial Ride de Lana Del Rey incarne parfaitement tout le bien qu'on peut penser de la chanteuse, la chanteuse à la moue, sirène mélancolique de la pop, canon officiel de la scène US, personnalité unique dont les railleurs rappellent ceux, comiques d'une Florence Welch. Sa beauté mutine alternant le feu et la glace, son amour émouvant du beauf viril, le lyrisme urbain massif de son univers musical, l'inspiration crépusculaire de sa plume, tout y est. Dans le fond, de la même façon qu'Anthem ou Tropico, on tient une sonde express dans la psyché américaine moderne, cadre dans lequel Del Rey et Mandler ont pour but de transcender les plus gros clichés. Et c'est ça, le truc : le résultat est tellement fort qu'il parvient à oblitérer la simplicité du message ("ride free", génial, cousine), et l'imagerie bikeuse que certains pourraient trouver simpliste. La beauté dans le trivial, en quelque sorte. Certains hystériques y voient déjà une image dégradante de la femme. Ce qu'il faut surtout en garder, c'est le type d'amants sur lesquels la chanteuse s'est penchée, motard bourrin et gras-double, quinqua solitaire, l'anti-glam. Il en ressort une déclaration d'amour à l'homme aux antipodes de la nomenclature télévisuelle proprement sidérante. De façon surprenante, ce qui précède et suit la chanson à proprement parler, prologue et épilogue instrumentaux où la chanteuse déroule un monologue doux et inspiré, émeut davantage encore. Au passage, la vidéo a une grosse vibration 90s qui la rapproche de clips cultes du type November Rain des Guns. Rien que ça.
Remarque : le choix a été dur entre Ride et la collaboration suivante Del Rey/Mandler, l'aussi kitsch que monumental et par instants bouleversant Tropico, que vous pouvez voir ici :
https://www.youtube.com/watch?v=VwuHOQLSpEg.