WOO John - Critiques & Annotations

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Avec un pitch improbable, mais qui invite à un ébat stimulant sur la question de l’identité, John Woo réalise un film d’action au baroquisme épique et pulvérisant. Porté par deux comédiens dans un surjeu pulsionnel, leur personnage incarne une (con)fusion du bien et du mal. L’un prenant le corps de l’autre, ils s’assimilent et les rôles du gentil et du méchant s’échangent et deviennent troublants ; ainsi, le jeu de masques et de miroirs devient vertigineux. Le cinéaste l’engendre dans une spirale kamikaze acrobatique. Toute son outrance esthétique est présente, mais elle est établie dans un ballet finement gracieux et lisible. C’est pourquoi elle s'inscrit avec brio dans cette bataille mentale et corporelle très intense et vive. Les protagonistes doivent s'habituer à un nouveau cadre, absorber la vie de l’autre (mais l’altèrent en apportant chacun leur sensibilité antithétique), que ce soit dans l'environnement familial ou leurs comportements, afin d’atteindre leurs objectifs respectifs. Remplie de fulgurances, de déplacements, de permutations et de sursauts acérés, cette œuvre est la meilleure de son auteur à Hollywood, qui, comme ses sujets, a dû greffer son style et sa substance sur un corps étranger, avec beaucoup de difficultés.

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Missions : Impossible II est l’antithèse du premier volet, mais il est tout autant marqué par le style de son réalisateur. On a le droit à tout l’étendard de John Woo avec son romantisme exacerbé, ses ralentis à en pleuvoir, ses gunfights explosifs, ses colombes qui volent de partout et son montage haché au sabre. Problème, comme il est plus ou moins indiqué, tout est dans un trop-plein parfois épileptique, cela rend le film ampoulé et mal équilibré. L’œuvre a ces moments de virtuosités spectaculaires mais s’abandonne trop facilement dans sa romance vaniteuse avec un Tom Cruise dont le melon est aussi grossier que certains effets vraiment démodés. La surenchère alourdit tout suspense complexe et narratif que De Palma avait génialement agencé dans le précédent épisode.

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La superproduction de John Woo résume la bataille de la Falaise Rouge, bataille qui a permis d'unir les régions morcelées de la Chine, après que le ministre Cao Cao tenta de renverser les Royaumes du Sud, dirigés par l'alliance entre Zhuge Liang et Zhou Liu en l'an 208. L'auteur met en scène cet événement historique dans une épopée titanesque entre reconstitution précise et wu xia pian. Sur près de 4h30, le cinéaste réalise un spectacle vertigineux avec de grandes batailles navales, des affrontements homériques, des scènes d'arts martiaux magnifiquement chorégraphiées, de la pyrotechnie apocalyptique ou encore des décors aux échelles dantesques.

Au-delà de ça, le cinéaste embrasse l'envergure humaine des décisions qu'entreprennent les nombreux protagonistes. Parce qu'il y a de nombreux héros et héroïnes, il y a de nombreux points de vue qui permettent de voir différentes visions de la guerre et diverses manières d'appréhender les opérations stratégiques et les relations basées sur l'admiration, l'amour ou la lutte intellectuelle. Le lyrisme passionnel de Woo est toujours présent mais colle parfaitement avec cette fresque très romancée et épique. Le thème de l'amour impossible est au cœur même de l'origine de cette guerre et fait la symbiose entre le macrocosme et le microcosme.

En effet, le cinéaste impose une énergie cinétique dans les moindres recoins de l'espace. Son souffle vital et son travail virtuose sur les corps et les mouvements en font un immense poème guerrier. Ainsi, les enjeux sentimentaux des personnages sont au centre même des combats, car ils sont totalement incarnés et donnent l'impression que les protagonistes ne sont pas juste des pantins décoratifs pour faire le show. Mais le lyrisme ne se trouve pas que dans la flamboyance des combats, mais aussi dans des scènes plus intimes qui s'attardent sur des choses en apparence plus anecdotiques.

Par exemple, cette longue partie musicale endiablée de luth entre deux stratèges pour mieux communiquer, ce morceau poétique de flûte qui suspend le temps pendant un entraînement rigoureux, ou encore le bruit de la pluie et du vent qu'un seigneur ressent et l'aide à comprendre sous quelle météo il vaut mieux se battre. Enfin, il y a la leçon contemplative de cérémonie du thé, pour mieux piéger le général ennemi à ne pas attaquer en temps voulu. Toutes ces séquences permettent de donner de la chair et de la singularité, faisant du film plus qu'une simple épopée historique à gros budget.

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(Voir au-dessus)