La débauche a abîmé son corps ; dégoûté, ayant épuisé toutes les jouissances, il remet en cause son mode de vie. Pour des Esseintes, l’Homme est mauvais par nature. Malgré tout, rejet de la possibilité du salut par la foi. Sans but ni envies, il déambule, désoeuvré. Rejet de la modernité, jusque dans les arts : la littérature, après le latin et le catholicisme, n’existe presque pas. Rejet de la modernité, en sa composante égalitariste : la foule, quand elle apprécie une œuvre, la salit.
Exposition de théories et critiques littéraires : Bloy est un enfant terrible ; éloge de Baudelaire, qui parvient à dire l’indicible. De Maistre y est jugé sans talent. Chez Flaubert, il préfère Salammbo et la Tentation de Saint-Antoine, plus mystiques, plus instructifs sur les inspirations de l’auteur, loin de la morne médiocrité de l’époque à laquelle il écrit. En littératures, quatre maîtres contemporains, malgré tout : Flaubert, Goncourt (les deux probablement ; je ne sais plus), Zola, et Baudelaire. Eloge Poe, Verlaine,…
Supériorité du poème en prose, qui renferme dans un petit volume la puissance du roman, mais sans les longueurs analytiques et descriptives.
La langue française subirait une décadence semblable à celle que connut la langue latine longuement étudiée au début de l’ouvrage .
Le sadisme est un satanisme dans ce qu’il a de parodique des cultes, et de prise à rebours des préceptes religieux. Fascination pour une littérature à la fois dévote et impie.
Les excès ont détruit son corps. C’est de toute façon une fin de race, amoindri par la dégénérescence d’une noble lignée, s’abaissant physiquement, nerveusement à mesure qu’elle s’éloignait de la virilité du champ de bataille. La vie lui est devenue une succession de souffrances, la pire étant probablement l’ennui. Mieux vaut ne pas venir au monde : les jouissances sont trop médiocres.
L’histoire de la tortue du héros est une métaphore de la destinée de celui-ci : la tortue du héros est une métaphore de la destinée de celui-ci : l’animal, alourdi par l’incrustation de joyaux sur sa carapace, finit par mourir sous le poids des pierres précieuses.
Son état de santé empire. Parti à la campagne, les médecins l’exhortent à retourner en ville. Il lui faut abandonner sa retraite. Il pense à se retirer dans un monastère, mais ses idées, ainsi que sa déplorable résistance physique, ne s’accorderaient guère à celles imposées par le monastère.
Paris le désespère : la bourgeoisie a pris la place de la noblesse, et du clergé, de qui elle imitait la jactance caduque, l’ostentation frivole, en y ajoutant leur manque de savoir-vivre, leur autoritaire couardise : morts consécutives de l’intelligence et de l’art.
Le pessimisme, qu’il prend chez Pascal et Schopenhauer, ne le soulage pas. Seule l’espérance pourrait l’exonérer du prix de sa douleur.
L’Église est souillée : « Le terrible Dieu de la Genèse et le pâle écloué du Golgotha n’allaient-ils point ranimer les cataclysmes éteints, rallumer les flammes qui consumèrent les cités jadis réprouvées et les villes mortes ? »
« Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclaire plus les concolants fanaux du vieil espoir ! »
Le livre s’achève sur ces mots. C’est le récit, entrecoupé de considérations artistiques (ou l’inverse), de malaise d’une époque, d’un esprit trop raffiné pour suivre doctement les bergers médiocres du catholicisme, ainsi que les hordes enragées et indignes de l’irréligion vulgaire. Un homme incarcéré entre les murs de la prison du siècle : l’ennui. Un texte fluide, précis, au service de la peinture vomitive d’une époque, et d’une fin de race.