Allons z'enfants
8.1
Allons z'enfants

livre de Yves Gibeau (1952)

Je devais avoir environ 12 ou 13 ans quand j'ai eu en main, un peu par hasard, ce livre. Je ne sais plus qui, dans ma famille, me l'avait donné en me disant : tiens, c'est un bouquin rigolo (= bien de ton âge) ! Le titre était d'ailleurs amusant et la couverture était un dessin où on voyait des petits soldats qui défilaient n'importe comment : bref, tout confirmait l'opinion que ça pouvait effectivement être un bouquin rigolo.
Sauf que dès que j'ai eu dépassé la dizaine de pages, j'ai été effaré par ce que je lisais puis passionné, puis révolté puis bouleversé et tellement pleinement solidaire du jeune héros de ce livre. Je n'aurais pas aimé qu'on me fasse ce coup-là... La base de l'histoire (qui est romancée) est véridique car Yves Gibeau a lui-même eu à souffrir dans cette école.
D'ailleurs, suite à cette expérience douloureuse, Yves Gibeau ne cessera - jamais - d'être pacifiste, ce qui transparait - toujours - dans toute son œuvre littéraire. Pour la petite histoire, il a vécu la fin de sa vie à proximité du "Chemin des Dames " dans l'Aisne et s'est fait enterrer dans le cimetière de l'ancien Craonne, lieu d'une épouvantable boucherie en 1917.


"Allons z'enfants", c'est l'histoire d'un garçon d'une douzaine d'années, Simon Chalumot, qui commence son secondaire (après le certificat d'études) dans l'école d'enfants de troupe des Andelys (Eure). C'est son père, ancien adjudant de carrière, qui, au titre de bons et loyaux services (armée coloniale d'Afrique et d'Asie, guerre de 14-18,...) a pu faire intégrer son fils dans cette école militaire dont l'enseignement et l'hébergement sont gratuits sous réserve d'un engagement de 10 ans après les études ou le diplôme de sortie. Le début de cette histoire se déroule quelques années après la guerre de 14-18 avec l'ambiance qu'on imagine d'un pays qui est sorti victorieux du conflit et où les anciens combattants sont une force politique.
Or le problème est que le caractère de Simon s'accommode mal de la vie en caserne. Et dès le début, ça coince et il se fait remarquer comme forte tête et rétif à la discipline militaire. Tout le livre sera la description de cette lente descente aux enfers tant avec l'école qu'avec ses parents où il ne trouve jamais aucun réconfort. Bien au contraire.
Et pourtant, il ne manque pas d'intelligence, le petit Simon. C'est juste qu'elle n'est pas placée au bon endroit (pour la hiérarchie de l'école). Il se passionne pour la littérature française et le cinéma et tentera d'en faire un objectif d'avenir.
Il y a parfois de beaux passages un peu apaisés, en marge de cette vie, qui rendent plus dures encore les brimades et injustices que Simon subit en retour.
Il est certain qu'il y a de la haine et un mépris incompressibles chez Simon envers son père, envers la gent militaire. Il y a aussi un fort mais vain désir de revanche qu'il exercera par forcément à bon escient.
Yves Gibeau y a mis toutes ses tripes dans ce livre qui reste le plus fort de tous les livres qu'il a écrits.
Aujourd'hui encore, plus de cinquante ans après, ce livre est toujours dans mon top 10 (dix) des meilleurs livres que j'ai pu lire.
Un excellent film de Boisset en été tiré en 1980 dont je ferai la critique prochainement

JeanG55
10
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le 29 janv. 2021

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