Un moyen-âge cruel et sans pitié

Elle porte le sobriquet de Chien du Heaume. Depuis des lustres, elle silionne les terres dangereuses et précaires d'une Europe médiévale en pleine mutation. Depuis des lustres, elle essaye de survivre en tant que femme mercenaire et depuis des lustres, elle s'est mise en quête de percer le voile de mystère qui entoure ses origines pour apprendre son véritable nom ainsi que sa véritable identité.
Cette quête l’amène sur les terres isolées du chevalier Sanglier où Chien de heaume va vivre une partie de son existence qu'elle n'est pas prête d'oublier.

Malgré une couverture tape à l’œil des plus classiques, Chien du Heaume n'est, ni un livre bourrin au personnage con comme un tronc, ni un livre de fantasy avec des dragons, de la magie ou des peuples elfiques.

Chien du Heaume est avant tout un livre aux propos sombres qui se déroule au sein d'un moyen-age en plein changement.

La principale qualité du livre réside dans son atmosphère médiévale prenante à la décrépitude et à la mélancolie omniprésentes.
Chien du heaume nous transporte dans un univers étrange, froid et sombre aux accents de fin du monde. Une époque sanglante et triste qui s'écoule lentement et qui se révèle de plus en plus lointaine et inaccessible pour des personnages inadaptées comme Chien.
Il en résulte une vision d'un moyen-age peu reluisant qui se débarrasse progressivement et sans ménagement des reliques de l'antiquité et des cultes païens pour faire place à un monde baigné dans la sainte lueur du Christ. Un moyen-age violent et intransigeant où la cruauté, la stupidité crasse de la paysannerie et la méchanceté de l'Homme sont à leur apogée.

Justine Niogret met donc en place un univers médiéval des plus réalistes et offre un personnage principal crédible et particulièrement attachant.
Hargneuse, rancunière, solitaire mais également solide, introspective et mélancolique, Chien est un personnage principal marquant qui s'éloigne des clichés habituels du héros guerrier sans aucune nuances et à l'intelligence plus que limitée.
Malgré toute sa force, Chien est un personnage incomplet intérieurement comme les personnes avec qui elle se lie d'amitié tout au long du récit.

Car plus qu'un simple roman de batailles et de combats, plus qu'une simple histoire entre les forces du bien et l'avènement des ténèbres, Chien du heaume est un livre sur l'introspection et la solitude. Un roman au ton intimiste qui décrit le combat intérieur des mercenaires, forgerons et autres chevaliers hantés par leurs souvenirs tentant tant bien que mal d'exister en dehors du champ de bataille.

Si le fond est bon, Il y a néanmoins un problème de rythme avec des digressions peu passionnantes en première partie qui n'apportent pas grand chose au récit et un manque d'enjeux important qui peut en rebuter plus d’un. La construction est également un peu décousue avec des ellipses temporelles omniprésentes et une séparation très marquée entre les différents chapitres, ce qui donne la désagréable impression de lire une suite de nouvelles plutôt qu'un roman classique.

En dehors de ça, le style d'écriture est magistral pour un premier roman et il mélange avec souplesse et justesse un vocabulaire médiéval avec une façon de parler très contemporaine. L’écriture est admirable et se montre à la fois poétique et sans concession avec quelques petites touches d’onirisme de temps à autre.

Poétique et intelligent, Chien du Heaume ne nous épargne toutefois pas les erreurs du premier roman.
Mais malgré cela, il arrive à installer une ambiance prenante et engageante des plus majestueuses ainsi que des thèmes développés et des personnages crédibles et bien écrits.
Pas un chef-d’œuvre, mais un très bon moment de lecture.

PS : Mention pour le lexique, bourré de blagues douteuses et de références un peu débiles !