Pas question de payer pour un livre qui semblait ne même pas mériter édité, par contre profiter d'un prêt gracieux pour s'en faire une idée personnelle, pourquoi pas ! Le pressentiment se conforme : c'est vraiment nul.

Au delà de la bluette sado maso qui ne m'intéresse pas énormément, j'ai l'impression de lire le journal intime d'une gamine de 4ème (à part que je n'y racontait pas les mêmes choses). E.L. James écrit comme elle parle, agrémente son texte de force de "putain", "merde", "sexy" et il serait instructif de faire une recherche d’occurrences dans son texte pour se rendre compte que le vocabulaire employé tient dans un livret 2 pages.
L’héroïne se mord donc les lèvres, rougit, rosit, et Grey s'assombrit, est sexy, cassant, maniaque. Les "stratagèmes" d'écriture sont sans cesse renouvelés, jusqu'à l’écœurement, l’héroïne invoquant toutes les 3 lignes sa déesse intérieure, sa conscience et tout ce qui lui passe par la tête au moindre geste de son tenancier. On s'inflige aussi, atterré, leurs échanges de mails érotico-niaiseux et leur conversation niveau collège avec des répartis dignes des blagues carambar.
J'ai vraiment eu la sensation de lire une de ses nouvelles Internet qu'on peut trouver dans les forums de Doctissimo, sans fautes d'orthographe certes, mais encore faut il sûrement remercier l'éditeur. Même le jeu de mots du titre du roman me semble hors de portée de la "patte littéraire" de l'auteur, c'est dire.

Pour ce qu'il y est de l'histoire, on oscille entre la romance niaise et soporifique, et la relation torride mais télescopée d'Anastasia et Christian. L’héroïne, que notre tenancier SM présente comme "insoumise" et "rebelle" a l'épaisseur d'une feuille de papier cigarette et passe son temps à craindre les réactions de son mec, à le trouver sexy et à se rabaisser. Grey lui est un apollon milliardaire sans défaut (le genre de mec "papier glacé" qui ne fait ni chaud ni froid à la majorité des nanas, tant il est lisse et stéréotypé), "sexy", "fiévreux", "bouillant" et tout ce genre d'adjectifs qui pourrait être utilisé dans un synopsis de films érotiques m6. Il la prend par les cheveux pour l'embrasser, la surnomme "bébé", lui dit qu'elle semble divinement bon et lui lance des regards fiévreux en plein repas de famille. Au bout d'une centaine de pages, les ressorts érotico-romantiquo-tragique sont usés jusqu'à la lime et on continue, un peu gêné par la médiocrité adolescente de ce Marc Levy pornouille.

Les situations sont télescopées au possible, et rien n'est proposé au lecteur pour donner un minimum d'épaisseur psychologique à leur relation. Un peu comme quand j'imaginais que le plus beau garçon du collège tombait amoureux de moi et qu'il m'apprenait à faire du skate, et que c'était trop bien. Pire, les jérémiades existentielles d'Anastasia et la froideur tourmentée de Grey tissent en filigrane grossier une relation d'amour clairement abusive. Au delà de la sexualité peu banale de Grey, chaque aspect de leur vie de "couple" m'a interpellé car ils décrivaient clairement des aspects de violence morale/physique domestique, avec harcèlement poussé à la clef. Bref, rien n'est à garder, c'est clairement un torchon.
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le 30 août 2013

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le 30 août 2013

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