Dans l'abîmes du temps est l'une des plus longues nouvelles de Lovy. Une nouvelle d'un classicisme tellement pompeux qu'elle en devient amusante au bout d'une cinquantaine de pages. Comme à l'accoutumé Henri Pimpon Lovecraft y raconte une histoire fascinante dans un style tellement lourd qu'on a l'impression qu'il s'auto parodie. Lente, moussue, affublée d'un surplus d'adjectifs, cette histoire vient avant tout nourrir le mythe des êtres ancestraux. Même si on y découvre une race étrange et inhumainement intelligente, on est loin des horreurs que s'amuse à décrire notre maboul préféré. Et c'est sans doute là que le problème se situe car à vouloir raconter une histoire fantastique impliquant des répercussions angoissantes et dépassant le simple cadre de la menace des grands anciens, l'auteur se perd entre la cacophonie d'une cosmogonie ambitieuse et fascinante et la volonté de raconter une histoire d'épouvante.


Mais merde, Hubert Plaxico, pourquoi te perdre dans une histoire dont tout le monde se fout, où on sait vers quoi cela va nous mener, où la conclusion saute aux yeux trente pages plus tôt, alors que tu aurais pu raconter l'histoire d'une race fascinante ? La grand race devient, au beau milieu d'une narration abracadabrantesque, un sujet de délire presque onirique telle que seul cet auteur sait développer. On aurait sans doute préféré une histoire construite différemment de ce qu'on a sous les yeux. Si tel avait été le cas, la nouvelle aurait été non plus lovecraftienne à l’extrême mais résolument moderne, ce qui aurait rompu avec le style du bonhomme.


A ce niveau de lecture, on a surtout sous les yeux une photographie de ce que le reclus de Providence (appellation de merde...) avait en tête. Un monde où seul compte la connaissance, où le corps n'est plus qu'un outil parfait, où la mort n'est plus une fin en soi, où les contraintes terrestres ne sont plus en mesure de freiner la recherche. Lovecraft, dans ses obsessions, dresse avant tout un portrait d'une race qui le fascine, une image de ce que l'être parfait serait à ses yeux. Même si cela peut paraître ampoulé, on sent un désir, un amour véritable, pour ces êtres qui ne se trouvent plus prisonniers de corps bassement humains.


Dans l'abîme du temps ne ressemble pas à ce qu'il est. Une vision de son propre désir de s'extraire de sa condition humaine pour le porter vers une déification de la connaissance, de la recherche et de la compréhension. Si L'affaire Charles Dexter Ward arpentait les terres du passé pour mieux comprendre qui il était, ici Howard Philips Lovecraft met en exergue son fantasme absolu sous les traits de monstruosités grotesques.


Sauf qu'il essaie de nous faire un peu peur. Et ça, ça marche pas. C'est un peu bidon et très maladroit.

David_Toubiana
8
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le 26 mars 2015

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David Toubiana

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