Demian par Alexis Ernst

Ce roman d'initiation ou conte philosophique, comme vous voudrez, (pas mal des deux quand même) a selon sa quatrième de couverture acquis le statut de chef d'œuvre. Objection!

Pour peu qu'on soit ou qu'on ait été adolescent, on s'identifie assez bien à Émile Sinclair, narrateur et protagoniste de Demian. En effet les thématiques abordées tout au long du livre sont, en plus d'être intéressantes, communes à chacun: l'enfance, l'adolescence, la fin de l'innocence, Dieu, Satan, l'obéissance aux parents, la solitude, l'ivresse, le duvet disgracieux qui pousse sous notre nez et les poils sur la kékéte, etc, etc. En plus, le copain Hermann développe à merveille l'évolution qui s'opère, aussi bien physique que mentale. Pour résumer, disons que le propos est bon, acceptable et assez bien exprimé dans l'ensemble.

Il demeure cependant quelques légers problèmes qui viennent entraver la lecture de Demian.
En preum's, l'ami Hermann a un fort penchant pour la répétition. On doit trouver au sein de récit à peu près une dizaine de descriptions physiques identiques de Demian: pourquoi? Pourquoi t'infliger à toi et aux lecteurs la même description encore et encore?
En deuz', environ à partir du prêtre Pistorius (qui n'était pas encore cul-de-jatte et encore moins sprinteur meurtrier), le récit devient de plus en plus décousu avec l'omniprésence fantastique de la notion de destinée, d'humanité réservée à ceux qui accomplissent leur destinée, de volonté Schopenhauerienne et d'ésotérisme.
C'est là que, pour finir, j'ai eu tendance à me sentir plus paumé qu'en cours de SVT et aussi peu intéressé que dans ces derniers.

Ce qu'il en reste, c'est un bon livre tout de même, mal exploité par moments, un peu perché, pas un chef d'œuvre mais pas loin non plus.