Je me suis lancé dans la lecture de cette brique en voyant la note de sens critique. Gagner la Guerre fait parti des incontestables de ces dernières années. Le concept avait l'air intéressant alors j'ai plongé dans la lecture.
Ce livre est riche, dans son style et dans son histoire, c'est le moins qu'on puisse dire mais malheureusement, il est loin d'être parfait.
Commençons par le style. Le style est très marqué, plutôt bon voire parfois très bon, mais selon moi, il manque parfois de légèreté. Ce style là est loin d'être unique dans la littérature moderne, on peut également le retrouver par exemple dans "La Horde du Contrevent", et je pense que ce style est grandement inspiré du phrasé d'Alexandre Astier dans Kaamelott. On retrouve dans ces oeuvres modernes, beaucoup d'argot(comme esgourdes) où d'expressions utilisées par la version Française des chevaliers de la table ronde. Le style est dans l'ensemble très bien maîtrisé et fait parfois preuve d'une grande finesse malgré le contexte : "Pour que la fête soit plus belle on décore les balcons avec leurs frères, leurs fiancés et leurs maris le cou joliment cravaté de chanvre. On traite les enfants comme de gentils chatons : on les noie au fond des puits, histoire que les renfrognés qui auraient raté le bal finissent empoisonnés par les eaux putrides." Seulement, certains passages sont lourds, l'utilisation de l'argot trop appuyé manque de naturel. L'auteur semble vouloir à tout pris utiliser ce langage caractéristique même quand le contexte s'y prête moins.
Une faiblesse du livre est sans contexte la rédaction des dialogues. Beaucoup d'échanges au cours du livre sont mauvais voire très mauvais, le pire exemple étant pour moi le dialogue avec donnà Clarissima. Don Benvenuto fait preuve de lourdeur pour se débarrasser de la fille de son patron, le langage utilisé est abusif, les répliques pas vraiment dans le ton et très caricaturales. Malheureusement pour moi, beaucoup d'échanges dans le livre souffrent de ces mêmes maux. Quelques interactions avec Sassanos, avec Melanchter au moment de la mort de l'ami de Don Benvenuto et j'en passe.
En ce qui concerne l'histoire, elle a ses hauts et ses bas. J'ai absolument adoré les 200 premières pages. La bataille en mer, la trahison inattendue, la négociation, le passage a tabac puis malheureusement lors du retour à Ciudalia le rythme baisse, on rentre dans la politique et c'est long, très long. Puis l'histoire redémarre, la fuite, le périple pour arriver à Bourg-Preux. Bref l'histoire a ses moments forts mais également ses faiblesses.
Pourtant, j'ai trouvé que l'histoire manquait un peu de liant. L'histoire est un enchaînement de péripéties sans réelle profondeur, il n'y a pas de mystère sous jacent, pas de complot, l'histoire suit "juste" la fuite de Don Benvenuto. Normal me direz vous car le roman est à la première personne, mais dommage un autre mode de narration aurait pu permettre de donner un peu de corps au roman.
L'arrivée du fantastique vers le milieu du roman donne un peu de piment, le voyage avec Sassanos permets au lecteur de voir ce qu'il est capable de faire dans ce monde là. On voit arriver des nains, des elfes. Pourtant, j'ai trouvé que l'utilisation qui a été faite des ces différentes races est très superficielle. On entend parler de la bataille de Bourg-Preux dans laquelle des elfes ont pris part mais ça s'arrête là. Ils ne sont pas indispensables à l'histoire, Mélanchter aurait très bien pu être un homme, l'histoire n'en aurait pas été bouleversée.
En résumé, j'ai plutôt apprécié ce roman qui m'a pourtant agacé à quelques reprises, mais je suis aussi déçu car il n'aurait pas fallu grand chose pour que ce roman deviennent un de mes grands classiques et ne prenne un place éternelle dans ma liste de livres à lire et relire.
Mes respects