J'irai cracher sur vos tombes est né de la rencontre de Vian avec Jean d'Halluin, directeur des éditions du Scorpion qui cherchaient à publier des imitations des polars américains, alors en vogue en 1946. Le style est simple, truffé d'américanismes ("il m'a mis en boite") et assez puissant. L'auteur est censé être un noir américain nommé Vernon Sullivan que Vian ne fait que traduire. Du coup, Vian toucha 10% de droit d'auteur et 5% pour la traduction des 120 000 exemplaires vendus à sa sortie. C'est plutôt malin ! Le roman mélange la noirceur à des scènes pornographiques (pour l'époque) qui sont pensés comme des éléments commerciaux. Ils lui vaudront aussi plusieurs procès qui lui feront une bonne publicité. Il faut comprendre que ce roman qui a été écrit en quinze jours se voulait être dès le début une "fabrication de best-seller."
L'action se déroule dans le sud des Etats-Unis et dénonce le racisme. Après que son frère ait été lynché pour avoir lié avec une blanche, Lee Anderson quitte sa ville natale et prend une librairie. Il fréquente une bande de jeunes sexuellement très actifs et qui boivent beaucoup. Le style est finalement assez pudique mais un malaise s'installe. Son but s'avère de baiser et de tuer deux bourgeoises blanches pour venger son frère. "Deux pour un." Une fois déclaré ce projet, on est aspiré par la dureté et le déroulement des faits jusqu'à la fin. J'ai beaucoup aimé cette petite lecture et je tiens à préciser que J'irai cracher sur vos tombes est une lecture soft, adapté au grand public.