rien à dire.

Hmmmmmm. Plus le temps passe et moins je crois avoir aimé l'Anomalie. La faute sans aucun doute à une fin qui semble s'achever plus parce qu'il n'y avait plus rien à dire qu'autre chose, dans une sorte de tentative maladroite de boucler des boucles qui n'étaient même pas en phase de ressembler à des cercles. Ça commence pas si mal pourtant, avec ces portraits qui s'enchaînent de personnages venus d'un peu partout. Les références à l'époque actuelle sont toujours à la lisière de la maladresse - je sais pas, mais foutre Stephen Colbert en personnage d'un chapitre de ton livre, ça me fait juste grincer des dents - mais il se passait quelque chose dans le démarrage de ce bouquin choral, l'envie de voir ces gens se croiser, de les voir se transformer, d'autant plus quand intervient finalement l'anomalie annoncée : tous les passagers du vol d'un avion qui réapparaissent, identiques, trois mois après l'atterrissage, comme copiés-collés. Il y a quelque chose de fascinant dans cette incongruité, et l'ahurissement des autorités face à celle-ci donne quelques chapitres plutôt amusants, mais Le Tellier cherche malheureusement rapidement à vouloir soit l'expliquer (avec la théorie de la simulation qui est certes très en vogue, mais qui est aussi passionnante que de se dire "ET SI L'UNIVERS ENTIER, C'ÉTAIT LE RÊVE D'UNE MOUCHE?!" - on sait pas, on peut pas le prouver, pourquoi diable penser à des trucs si vains?), soit en analyser maladroitement les conséquences. Or, s'il était plutôt bon au moment de dresser des portraits, le talent d'Hervé retombe quand il s'agit de faire finalement quelque chose avec cette anomalie et son impact sur tous ces personnages. Car il n'arrive pas grand-chose à la plupart d'entre eux, si ce n'est des histoires banales ou des redites, qui se diluent les unes après les autres sans pour autant se croiser (le chanteur nigérien fait juste... des feats avec son double? ok... cool???). Finalement, avec trop de monde et pas assez d'idée, l'Anomalie stagne au stade de divertissement ras des pâquerettes, n'évoque rien de particulièrement original, et effleure quelques idées en coup de vent sans jamais aller plus loin. Tant pis.