Exercice de style

Le statut de premier roman se ressent tout au long de L'arbre de l'été à travers de nombreuses maladresses : début assez classique, personnages manquants de description (pendant un bon moment on ne sait pas trop à quoi ressemble les héros !), syntaxe peu affirmée, univers tolkienniste, narration éclatée assez bancale avec de nombreux retours en arrière et une part d'actions simultanées qui ne se ressentent pas comme telle car elles prennent bon nombre de page, etc.

Il se dégage pourtant du roman un charme, une fraîcheur qui pousse à continuer la lecture au-delà des premières pages, de l'avalanche de noms et des relations à peine esquissées entre les personnages. Le style est fluide et l'action va de l'avant sans se perdre dans des broderies inutiles, les mystères et références au passé, à la mythologie de Fionavar se multiplient et surtout l'auteur enthousiasme par sa façon de toucher le lecteur au coeur.
Ce qui compte, c'est avant tout ce que ressente les personnages, leurs réactions face aux situations, le développement de leur psychologie. Le tolkiennisme est parfaitement assumé et ne sert finalement que de canevas permettant à Kay d'y broder ses propres motifs, apportant ici son originalité, proposant ailleurs une variation de la version du maître...

On tourne les pages, encore et encore, poussé par cette envie de découverte qui est peut-être la plus belle réussite de ce premier tome : d'un départ archétypal, on évolue vers une vraie crédibilité du monde de Fionavar, qui se tisse fil après fil sous nos yeux. L'échiquier est installé, les pions sont en place, reste à savoir si la partie qui s'annonce sera aussi passionnante que la mise en place.