L'Arrache-cœur
7.5
L'Arrache-cœur

livre de Boris Vian (1953)

A vouloir surprotéger, on enferme la liberté.


C'est l'histoire d'une mère qui ne voulait pas être une mère. Marié à un ange, elle en mit au monde trois. Ils étaient tous en haut de la falaise, surplombant tout. Au dessus des gens.


Un être vide, mort, et revenu à la vie, qui passait par la. Entendant des cris, il se disait que sa place était ici. Si ses pas l'ont guidé jusque là, c'est bien qu'il y avait sa place. De la transparence, il passe à l'opacité. Au fur et à mesure, il se remplit, de tout un rien. En somme, il n'est rempli de rien, et ne se connaît pas lui même.


Il voulait se remplir et aller au bout d'un autre, peut être pour s'oublier, peut être pour mieux se connaître. Peut être juste pour passer le temps. Le temps d'ailleurs qui s'allonge, et se ressemble. Le temps qui prend tout d'un coup, des allures de trimestres, a la place de mois. Tout se mélange, et le temps va d'avant, et en arrière, et d’arrière en avant, on ne comprend plus rien.


Les jours passent, et se ressemblent, et l'ange, disparaît sur un bateau, au loin. La mère l'a englouti, lui même qui était marié avec elle. La mer l'a emporté, il ne réapparaitra plus. Il disparaît.


Et ces trois enfants, mi anges, mi quelque chose, deviennent autre chose. D'un autre genre. Ils mangent des limaces colorées, volent, peuvent devenir petits, ou grands. Comprennent, et voient certaines choses, que les adultes ne voient pas forcément. Ils sont intuitifs, surtout le plus grand des trois, celui là, se guide et guide les autres, ils vivent dans leur monde imaginaire, mais pas si imaginaires que ça, ils parlent avec leurs jouets, et ils leur répondent, ils volent, et jouent avec les oiseaux, ont cette soif de liberté, et vont subitement être enfermés. L'amour d'une mère, ça enferme. L'amour d'une mère, ça fait faire des choses insensées.


Alors que cette mère, elle, qui les laissaient à l'abandon dans leurs premiers jours de leurs vies, comme si elle voulut se racheter, mangeait de la pourriture qu'ils laissaient derrière eux. Elle montait et descendait une falaise, pour se sentir libre, pour se sentir loin d'eux, ces petits êtres qui avaient déchire son corps, qui avait déchire sa féminité, qui avait déchiré tout désir qu'elle aura désormais pour un homme.


Par marionnette interposée, elle avait des crises et elle faisait peur à tout le monde. C'était qu'on la touchait de loin, sans qu'elle puisse contrôler ceci.


Se rachetant alors, la mère commençait a se faire du soucis sérieusement pour ses enfants. Le souci est une preuve d'amour. Preuve d'amour abject, mais passons. Et le souci les a enfermé, anges qui aimaient voler dans le ciel. Absurde comme l'amour d'une mère peut être, lorsqu'il n'est que souci, et qu'il reste prisonnier de lui.


Et l’être vide, se remplira plus tard du mauvais de l'Homme, de ses hontes. Les bêtes parlent. Et les hommes sont vendus comme des bêtes. Les enfants travaillent, et les adultes jouent. C'est le monde à l'envers, là où le diable est dans la maison de Dieu, et où il sert à l'homme de Dieu.


Tout ça, en poésie, la nature est comme dessinée par des mots. Dans une absurdité déconcertante.

KhadidjaSid
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le 31 mars 2020

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Khadidja Sid

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