Certainement la traduction, du moins au début, ne fait pas honneur au roman ce qui ne m’a pas empêché de le lire d’une traite
C’est l’histoire de deux mondes, l’ancien et le nouveau, racontées par le dernier gardien d’un mythe vivant. Le narrateur n’est pas un nostalgique des origines, il laisse ce rôle à d’autres. Il est le dernier de sa race, coincé impuissant entre la forêt et le village. Il n’est pas nostalgique, son état d’âme ne change rien à sa situation, et comme elles se doivent les choses finissent dans le sang et la boue.
Progressivement. Il a le temps de voir le monde civilisé, le monde chrétien qui attire les hommes des bois aveuglés par l’or des chevaliers, l’or du pape, les villages de païens repentis qui tissent autour d’eux et contre la sauvagerie une toile molle et fade comme leur pain, qui pourtant ne peuvent s’empêcher de désirer toujours la viande et le sang. La viande et le sang, les contes de la forêts qui les attirent malgré eux et viennent remplir leurs vies inconsistantes, qui ne s’accordent avec la voix chrétienne que dans une cruauté malade, « la folie moderne », dit l’auteur, avec ironie car il choisit pour moderne un temps que le nôtre méprise encore comme celui des gueux.
histoire d’une colonisation, de la servitude à la gloire, aux écritures et aux puissants contre une histoire vouée à mourir, celle de la forêt, des serpents, des hommes qui savent leur parler. Une histoire qui persiste pourtant à hanter les mondes nouveaux, comme un fantôme dont on ne sait que faire, dont il ne reste que des clichés venant s'ajouter à la marée continuelle d'images déversées sous nos yeux chaque jour.