L’île du docteur Moreau ( ou The Island of Doctor Moreau dans la langue de David Livingstone ) est un roman de science-fiction (et j'ai bien du mal à l'admettre...) parut en 1896.Il est écrit pas Herbert Georges Wells , un écrivain britannique à qui l'on doit...hmmm...la science-fiction elle même ? Oui,c'est cela. Loin de moi l'envie de jouer les gros branleurs en écrivant cela mais force est d'admettre que Wells est,chronologiquement parlant , le premier écrivain-du moins,le premier à avoir défendus ce statut d'écrivain de science-fiction (Verne,par exemple,a toujours été très évasif sur le sujet).On doit à H.G Wells La guerre des mondes ainsi que La machine à remonter le temps , deux récits fondateurs pour ce qui deviendra par la suite un courant majeur , bien que toujours autant décrié , de la littérature moderne.
Dans L’île du docteur Moreau , nous sommes introduits à Edward Prendick , unique survivant d'un naufrage , recueillit par un navire qui fait voile vers une île mystérieuse où a trouvé refuge un éminent savant : le docteur Moreau,donc (cqfd).Ce mordu de vivisection et d’expériences poisseuses se faisait en effet livrer tout une ménagerie pour le compte de ses expérimentations , épaulé là dedans par un second des plus alcooliques. Tres vite , Prendick comprendra ce qui se déroule sur cette île reculée : Moreau et son second sont en trains de créer une nouvelle race d'hybrides , apparemment docile. Des homo animalis,ou quelque chose dans le genre.
Un roman formidable,certes,mais si creux et si avare que c'en est parfois triste. D'une certaine manière , Wells se démarque ici de Vernes à qui on l'a très souvent comparé en grattant le plus possible le vernis du superflus narratif . On est ni assommé , ni décontenancé mais plutôt lassé par moment du gel de l'action ou de son apparence saccadé.
Ensuite , au niveau du message qui se situe là en filigrane , rien à redire.Oui,monsieur Wells,j'ai compris là où vous vouliez en venir avec vos créatures bariolés et vos scientifiques délivrés du poid de l'éthique ! Oui ! Tout le roman prend son sens le plus profond dans son dernier paragraphe , et l'on constate que c'est un "bon" roman lorsque la dernière phrase vous sautes au visage , vous délivrant un sens encore plus poussé que toutes les mésaventures qu'il décrit. Ça peut paraître idiot , mais on ne vit ces pages que pour leurs finalité , que pour le retour de Prendick à la civilisation.On les vit sans les vivres , inconscient .
Un livre qui traite d'éthique , de douleur et de société en général . Le genre humain , dans sa complexité , c'est la bestialité à l'état pur.Sa condensation , et ses strates hiérarchique nous rappelles que l'on ne se délivre pas tous du poids de la nature qui pèse sur nos trognes hagardes . Le cynisme scientifique le permets un instant , mais nous remmène irrémédiablement au plus bas de l'échelle - et Moreau en fera l'experience. La réponse , ce n'est pas la religion , ce n'est pas la justice , ce n'est pas la morale . Non la réponse :
ce sont les étoiles...
Voila ce qui nous différenciera à l'avenir-que j’espère proche comme cet Edward Prendick-de la gravité de notre condition.