Qu’est devenu Gérald Thomassin alors qu’il se rendait à Lyon pour être confronté à deux autres suspects ? Il a purement et simplement disparu. Sa famille croit qu’il est mort. Mais comment ? Cette enquête de Florence Aubenas ne répond pas à la question mais se consacre à l’acteur et à un fait divers qui a fait couler beaucoup d’encre, le meurtre d’une postière, enceinte, de plusieurs coups de couteau et le vol de milliers d’Euros.


Florence Aubenas s’est plongée dans l’affaire, s’est rendue dans ce lieu où tout le monde se tait, où il y a peu de monde, où tout le monde se connait, où le plastique tient une grande place et est synonyme d’emplois. Il existe des personnes qui vivent de peu, qui ont peu d’argent, qui boivent, se droguent, font des trafics. Bref, c’est ce que l’on peut trouver ailleurs mais à une plus grande échelle.


Elle s’attache à décrire tous ceux qui ont pu graviter autour de Gérald Thomassin, qu’ils soient amis ou pas. Un Gérald Thomassin, cassé, dès sa petite enfance. Des rôles au cinéma qu’il a tenus à bras le corps. Il s’est immergé dans les personnages, il était ses personnages. Tous louent son jeu, pourtant sans avoir suivi de cours, sa franchise, sa sensibilité. Gérald Thomassin apparait comme un marginal. Il boit, il se drogue, il fait la manche quand il n’a pas d’argent. Il a dépensé tous ses cachets d’un seul coup pour lui et pour les autres. Il n’est pas imbu de lui-même mais le cinéma tient une grande place dans tous ses échanges, notamment tous ses rôles. De nombreux réalisateurs ont fait appel à lui, parmi les plus grands. Ils ont vu son potentiel. Mais il était insaisissable. Pourtant, lorsqu’il avait donné son accord, il était là. Dans cette histoire de meurtre, son comportement un tant soit peu vantard ne lui a pas servi mais il a toujours clamé son innocence. Il n’était pas violent.


Le très long travail de la justice, de la police qui n’avaient aucune preuve, juste des présomptions, le comportement suspect d’un homme. L’une et l’autre étaient également pressées par le père de la victime, un ancien édile. Les évolutions, les années suivantes, des services scientifique, ont permis de trouver un suspect, lequel a également nié.


C’est également un livre qui montre que ceux qui restent, parents et amis de la victime, ressassent tant et plus, essaient de se souvenir, culpabilisent d’avoir raté un rendez-vous journalier. Le livre n’oublie pas la victime dont la vie, la personnalité sont détaillés.


J’ai rencontré Florence Aubenas quelques instants à Quai du Polar à Lyon cette année. Je la remercie pour ses quelques mots échangés et la dédicace pour mon mari.

Angélita
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le 9 oct. 2021

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Angélita

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