Chaos Romantique : entre despotisme et sacrifice amoureux

Ah l'humiliation de Waterloo ! ... Auparavant sous l'ère Napoléonienne, l'ambition des jeunes enfants était poussée vers l'infini. Dorénavant, sous la restauration monarchique, c'est le sommeil de plomb général. C'est dans cet état d'esprit que grandit Octave (Qui est une représentation d'Alfred de Musset lui-même), qui fréquente les milieux aristocratiques. A défaut d'avenir glorieux, les plus riches se laissent aller au libertinage et la maîtresse d'Octave n'y fait pas exception. Cette débauche générale et la trahison de sa maîtresse fragilise davantage Octave. L'écoeurement passé, Octave tombe à son tour dans les vices nocturnes et les aventures douteuses avec son fidèle ami Desgeneais. Cependant, même entraîné par les divertissements les plus bas, il demeure hanté par une nostalgie d'un idéal perdu, d'une quête de sens et de valeur qu'il ne trouve pas dans sa vie.


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Ici vous pouvez spoiler
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La mort de son père oblige Octave à rompre sa débauche pour les funérailles en province. Au cours d'une banale promenade, Octave fait la rencontre de Brigitte, jeune pieuse locale pleine de gaieté, qui est l'exact opposé des libertines parisiennes. Brigitte fait l'aumône, jouit d'une liberté totale, se complait dans des simples balades en solitaire dans la nature, est vivement appréciée par le village. Sa vie parait monotone mais elle semble si radieuse que son aura attire irrésistiblement Octave.
La confiance règne entre eux, des liens forts se créés subitement en quelques mois, où Octave la voit quotidiennement. Octave, déjà isolé veut s'abandonner totalement à elle en cette province où il n'a pas d'attache. Brigitte de son côté ne voit en Octave qu'un compagnon d'agrément, elle est veuve, à 30 ans quand Octave à la vingtaine, et veut rester veuve à tout jamais. Cette discordance de destins amène une telle frustration chez Octave qu'il se décide à revenir sur Paris... Mais sur la route, son coeur le presse de s'approcher d'elle une dernière fois, pour la persuader de concrétiser leur folle liaison. L'entêtement d'Octave lui réussit et Brigitte lui consent une vraie relation amoureuse mais discrète. Les ouï-dire courts, on murmure qu'Octave a perverti Brigitte qui a succombé à une relation perverse. Progressivement, Brigitte, autrefois adulée unanimement, est méprisée au point de se sentir exclue de son village natal. En outre, Octave, à qui la conquête semble acquise définitivement, se permet de basses railleries sur la piété et l'innocence de Brigitte, ventant parfois son ancienne vie de débauche. Octave s'octroie même le droit de séduire ouvertement une amie de Brigitte sous ses yeux. Brigitte est rabaissée mais conserve loyalement sa fidélité envers Octave, il est déjà trop tard pour le quitter, elle s'est déjà sacrifiée pour lui.
Au fil du temps, le couple s'isole radicalement du monde extérieur et plus Octave sent Brigitte en sa possession exclusive, plus il l'a méprise dans l'ingratitude totale. Octave est en réalité lunatique, parfois méprisant et nostalgique de son ancienne vie de débauche, parfois très sentimentale et poétique, il virevolte entre ces deux états dans une sorte de détresse mentale. Brigitte perçoit cette folie malsaine mais pense changer les choses en voyageant vers la Suisse.


Sur le voyage, le couple s'arrête temporairement sur Paris où le couple reste quelques jours. S'ensuit tout un tas de suspicions et jalousies, de dialogues nébuleux, au moment où Octave tombe sur une lettre de Brigitte confiant à son amant qu'elle doit s'abandonner définitivement à Octave mais qu'elle aime tout de même son amant... La rupture qui suit est définitive, Octave saisissant le fardeau qu'il a été pour Brigitte consent à sa délivrance en lui enjoignant de rejoindre son amant.


On suit tout le long de ce roman, la vie déboussolée d'un jeune aristocrate du début du 19ème. Le style est composé d'un tas de prose, de métaphores assez originales, d'analyses sociétales, de phrases confuses. C'est un livre qui ne peut se lire que lentement sinon vous ne comprendrez rien. Je n'aime pas la fin car l'amant mystérieux de Brigitte est incompréhensible, on se demande pourquoi il est planté là sur Paris, gravitant autour du couple, pourquoi Brigitte s'attache tant à lui soudainement et pourquoi Octave accepte si sagement une rupture... Cela manque de développement sur la fin d'un point de vue purement contextuel sur les faits. Le roman nous donne aucun remède à ce vide existentiel du personnage principal, on peut penser qu'Octave comble le nihilisme de son époque par un attachement déraisonné envers Brigitte qui se révèle contreproductif à la fin du livre. Ce roman est inspiré de la relation entre Alfred de Musset et George Sand.

EtienneBernard1
7
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le 10 oct. 2021

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Etienne Bernard

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