La ferme des animaux" est un court roman à clef publié par George Orwell en 1945. Il raconte la révolte des bêtes contre la condition servile que leur imposent les humains.
Un beau jour Mr Jones, propriétaire de la Ferme du Manoir, se trouve expulsé de ses terres par son propre bétail. Les leaders de la conspiration sont Boule-de-Neige, Napoléon et Baratin, trois cochons révolutionnaires qui luttent pour les droits des quadrupèdes. Champion le cheval, Molly la chèvre, l'âne Benjamin et les autres rêvent d'une société animale plus juste où chaque bête se nourrirait du fruit de son travail, avant de se se retirer dans un champ de trèfle pour y vieillir en paix. Dirigée par les cochons, la petite communauté établit des lois, une division du travail et une véritable idéologie ("4 pattes bon!! 2 pattes pas bon!"). Elle possède même un drapeau et un hymne original résumant toutes les aspirations des "Bêtes d'Angleterre". Mais bientôt les dissensions, les rivalités et les inégalités fissurent l'harmonie du groupe. Les cochons s'octroient des privilèges au détriment des autres espèces et en viennent à gouverner à coups de terreur, de mensonges et de délation. Ainsi, plus besoin des humains pour faire régner l'oppression à la ferme...
Cette fable animalière est une dénonciation amusante mais très incisive du stalinisme, avec son système policier et sa propagande. C'est aussi un roman dystopique qui traite des mécanismes conduisant à un régime totalitaire (bourrage de crâne, promesses utopiques, art oratoire, désignation d'ennemis publics, violence, suppression des droits, passivité et peur des citoyens...).
Habituellement, je n'aime pas les fictions à clef et autres fables qui font parler les animaux, mais ce roman est un petit chef d'oeuvre! Il délivre un puissant message politique dans une fiction convaincante, servie par des personnages drôles et attachants. Orwell ne se contente pas de faire de ces bêtes des symboles. Chaque quadrupède - à l'exception des moutons et des chiens- est bien individualisé et doté d'une personnalité singulière. C'est pourquoi on prend part à leur histoire avec intérêt et émotion. J'ai apprécié le talent d'Orwell en lisant "1984", roman sombre et visionnaire. Ici j'ai admiré son humour noir, sa tonalité satirique qui transforme au fil des pages un univers bucolique naïf en tyrannie bestiale.