La Ferme des animaux par Serge Leonard
Une pure merveille. Je pourrais terminer mon billet sur ces trois mots, mais... élaborons un peu. Voulez-vous? Je vous expliquerai ici pourquoi ce roman est pour moi l'un des plus brillants. À mon avis, il égalise facilement « 1984 » du même auteur. Voyons ensemble pourquoi.
Tout d'abord à la première lecture, moi qui ne suis pas tellement familier avec l'histoire de l'URSS, je ne perçus pas vraiment l'étroite similitude entre le bouquin et le passé. Il faut comprendre que les animaux de la ferme se révoltent, mais à mesure que le récit avance, nous sommes face à des agissements immoraux et frustrants de la part des dirigeants (les cochons). Ça devient même, à la limite, contrariant de voir tous ces personnages aussi idiots et incapables de raisonner comme il semblait l'être au départ.
C'est après un peu de recherche, à la suite de ma lecture, que je fus sous le choc. Mais oui!!! C'est exactement ce qui se passait autour de l'an 1920 en URSS ! Et ce fut l'étonnement. Tous les morceaux se sont mis en place. Le choc est lié surtout au fait que cette frustration que j'éprouvais était véritable, censée et réelle. Il y a des gens qui se sont laissé berner, beaucoup sont morts et je ressens aujourd'hui une telle forme d'impuissance que ça me sombre dans une profonde indignation.
Évidemment, c'est du passé, mais ce roman nous fait comprendre à quel point l'être humain peut facilement être endoctriné par de fausses pensées. Les moutons bêlent toujours en groupe, les mêmes rengaines. Les cochons intelligents agissent sournoisement pour nous convaincre qu'ils sont mieux placés que nous pour diriger. Les chevaux de trait sont encore, aujourd'hui, à la tâche à travailler d'arrache-pied et à croire au système. Les corbeaux de l'église essaient, tant bien que mal, de rallier la population. Les chiens colosses des services secrets et de la police réussissent à faire peur aux gens pour qu'ils se taisent et se rangent du côté des moutons.
Autant les personnages, le récit que le style d'écriture portent à vouloir en savoir plus, à nous questionner et à tenter de comprendre. C'est plutôt un roman philosophique, une critique virulente, et non cachée, d'une société et d'une tragédie qui, jadis, a fait des milliers de morts sans raison aucune. Comme ont dit les cochons : « Tous les gens sont égaux... mais il y en as plus égaux que d'autres ». Et aujourd'hui? Démocratie? Laissez-moi rire...
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