La Maison des Feuilles est un livre déroutant. Tellement étrange, autant sur le fond que sur la forme, que je ne sais par où commencer cette chronique. Ce roman n’appartient à aucun genre, ou plutôt à tous les genres car on retrouve de tout : du documentaire, de la mythologie, des interviews, du fantastique, du policier, de l’horreur, de la romance, de l’épistolaire… On peut difficilement lui donner une étiquette, ou même une note.


Commençons par la forme. Chaque page (ou presque) est différente. Certaines ne contiennent qu’un seul mot, d’autres ne contiennent que des noms propres. Nous avons même 24 pages qui nous décrivent ce qu’il n’y a pas dans la maison. Le livre contient également de multiples notes de bas de page qui elles-mêmes contiennent des annotations. A l’image de l’histoire qui nous entraîne dans un labyrinthe sans cesse changeant, l’auteur nous invite à tourner et retourner le livre dans tous les sens et à nous perdre dans ce flot ininterrompu d’informations. Vous vous sentirez un peu comme Luna Lovegood, sans le collier de radis.


Concernant le fond, nous avons là une histoire que l’on peut qualifier de thriller, limite horreur. Johnny Errand, l'un des narrateurs nous présente le rapport d’un manuscrit écrit par un certain Zampano et qui traite d’une étude académique d’un film documentaire intitulé « The Navidson Record ». Documentaire qui selon les dires n’existerait même pas. Vous me suivez ?


Nous avons donc deux parties parallèles : d'une part le manuscrit en question, qui nous relate l’histoire de la famille Navidson qui va emménager dans cette maison et d'autre part, nous avons les annotations de Johnny Errand sur certains passages du manuscrit. Ces annotations sont généralement suivies de bouts de vie de Johnny, qui n'a pas eu une existence facile. Mais ça ne s’arrête pas là car la mère de Johnny intervient dans la narration sous forme de lettres écrites à son fils. Vous me suivez toujours ?


Parlons maintenant de cette maison. Elle présente une particularité peu ordinaire : les mesures intérieures excèdent les mesures extérieures et au plus le temps passe, au plus l’intérieur s’agrandit. Monsieur Navidson va très vite ressentir le besoin d’explorer cette maison et va filmer ses pérégrinations, qui vont se révéler bien plus chaotiques et effrayantes qu’il ne l’escomptait au départ. Commence alors une descente aux enfers qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Le récit des aventures de la famille Navidson est passionnant, le suspense est bien présent et nous tient en haleine de sorte qu'il nous est difficile de lâcher le bouquin. Cependant, le lecteur va vite se retrouver envahi d’informations complémentaires (ou non) à l’histoire, ce qui entrave quelque peu la lecture. L’auteur nous oblige parfois à revenir deux ou trois pages en arrière pour ne pas perdre le fil de l’histoire. Oui, il faut s’accrocher.


Reste cette question : comment diable peut-on interpréter ce livre ? Est-ce une oeuvre de génie ? Une satire de synthèses et critiques académiques ? Est-ce un livre totalement indigeste et impossible à lire en entier ? Comme pour n'importe quelle oeuvre, l'interprétation diffère pour chacun d'entre nous. Au final, ce que nous retenons ici est l'originalité et la créativité de Danielewski.


Vous l’avez compris, La Maison des Feuilles est un livre original, dans le style et dans la forme. Son côté expérimental et non conventionnel plait ou non mais ne laisse certainement personne indifférent. Si un jour vous tombez dessus, je vous conseille de le feuilleter, ne fut-ce que par curiosité. Avec un peu de chance, vous accrocherez dès les premières pages et vous embarquerez dans une aventure très particulière ! Par contre, attendez-vous à avoir la tête retournée... dans tous les sens du terme.

Niniel
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le 8 mars 2016

Critique lue 360 fois

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Melody Pond

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