La Mécanique du cœur par sad_punk
Monster in Love de Dionysos est l'album du groupe que j'ai le moins apprécié, derrière même les délires lo-fi du début... mais le roman qui a accompagné l'album, "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi", était une vraie réussite. Les nostalgique de la terminale L pourront toujours hurler que le style vaut ce qu'il vaut, l'émotion était là.
Avec la mécanique du cœur, c'est un peu l'inverse. L'album est grand, très grand : cohérent, bien écrit, il nous fait découvrir un univers qu'on a hâte de creuser en se consacrant au roman homonyme. Bien sûr on sait que Burton ne sera pas loin, on sait que Malzieu cultive mieux les sonorités, le onomatopées et les formules surréalistes que l'académisme primaire, mais on ne vient pas y chercher autre chose, pourvu que cette fois-ci encore l'émotion passe, et avec cette histoire d'amour et de cœur en bois il y a à priori matière.
C'est donc gonflé d'optimisme que l'on rentre dans le roman, avec l'album homonyme sur la tête, et il y a un réel plaisir à feuilleter ce qu'on écoute et vice-versa, car contrairement au couple Monster in Love/Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, les deux œuvres se répondent totalement : en fait c'est la même histoire sur deux médias différents (et un film suivra).
Malheureusement la magie s'estompe vers la moitié du roman, une fois Jack arrivé en Andalousie, on quitte le genre road movie en horloge pour revenir à une histoire d'apprentissage de la relation puis de la rivalité amoureuse. Le souffle épique retombe forcément tant le sujet permet au héros Jack de se prendre murs sur murs, ce qui peine à relancer non seulement le personnage, mais aussi le lecteur bien embarrassé de faire tellement de sur-place, la valeur littéraire de 2/3 métaphores sexuelles typiquement Malzieuiennes (oui ça fait un paquet de voyelles à la suite) ne parvenant pas à maintenir l'intérêt... C'est aussi à partir de ce moment que les détails que le livre devait donner sur l'album deviennent des pièges et des trompes l'œil jusqu'à ce que le lecteur s'aperçoive que l'on ne lui conte d'un seul coup plus tout à fait les mêmes événements... au charme de la surprise, la frustration de ne pas pouvoir combler les derniers blocs laissés vides dans l'album pour poursuivre à la place un embranchement mental n'est pas des plus confortable.
La formule reste cependant la bonne, on sent à chaque ligne la sincérité de la démarche artistique entreprise par Mathias Malzieu, et le livre ne saurait être pris comme le marketing du disque, ni l'inverse. Mais la version papier, peut-être parce qu'elle prend naturellement plus le temps pour enrichir son propos, peine à maintenir le rythme d'un album, qui représente peut-être il est vrai, le très haut du panier de la production musicale pop et rock française.