Eragon en octobre dernier, maintenant celui-là, plus que 50 shades et j'irai au paradis c'est sûr.

Par où commencer...

La Première Leçon du Sorcier est un recueil de poncifs de l'heroïc fantasy, plus ou moins bien traités (plutôt moins), premier tome d'un cycle à rallonge qui ne m'attire pas des masses. On m'a dit beaucoup de mal du cycle, à raison, de ce que j'en ai lu, mais on m'avait aussi annoncé que ce premier tome était assez honnête et restait une lecture agréable, à défaut d'être surprenante. Bon.

Si le style est détestable, pour le coup j'accuse la traduction. Visiblement le traducteur avait du mal à se fixer sur un registre de langage, et les relecteurs étaient en prison, ce qui donne des phrases complètement WTF. Je n'ai pas d'exemples en tête, et je n'irai pas me replonger dans les quasi 800 pages pour en retrouver, mais promis, si l'une me revient, j'éditerai.

Passons plutôt aux personnages. Richard Cypher a un bon nom de merde, bon ça on est d'accord, mais change du héros traditionnel dans le sens où il s'assume assez vite. C'est pas crédible, certes, mais ça nous épargne 200 pages voire plus d'apitoiement sur son sort. Ceci dit, il lui arrive de douter, parfois, et alors là pour le coup c'est assez agaçant, parce que Goodkind gère assez mal ces passages là. On sent qu'il les a mis pour ne pas faire de Richard un personnage trop prétentieux, pour ne pas braquer le lecteur, qui veut un héros sympa. C'est très maladroit, j'aurais préféré qu'il l'assume complètement : Richard est prétentieux malgré ses faux airs d'humilité, et visiblement le lecteur est le seul à ne pas être dupe. Kahlan, elle, est assez intéressante, bien que sa propension à vouloir se suicider régulièrement te donne envie de l'aider à ne pas se rater. Pour être honnête, plus que le personnage, c'est sa fonction qui est intéressante. Et tout ce qui transparaît par elle de la culture des Contrées du Milieu (oui, Contrées du Milieu, il a osé) : la longueur des cheveux des femmes, la hiérarchie de la magie, et les événements du passé que Richard ne connaît pas.
Quand aux personnages secondaires, Zedd est inutile et sa faim permanente m'a agacée, Rachel est une gamine bien débile pour croire tous ces hypocrites qui lui répètent en permanence qu'elle est la plus jolie et la plus intelligente des petites filles (non mais ça va quoi, t'as juste fait une déduction à deux balles...), Chase, euh... ne sert pas à grand chose, etc.
Le méchant, lui, est un beau gosse aux yeux bleus, méchant très méchant, cruel, qui aime bien faire souffrir les gens qui sont contre lui. Vous noterez la subtilité incroyable de Goodkind de le faire appeler "Petit Père Rahl".

Malgré ces défauts, j'avais pourtant repéré des bonnes choses, des éléments qui me mettaient l'eau à la bouche pour la suite. Par exemple, ce discours de Zedd expliquant à Richard qu'il se bat pour le Bien autant que ceux d'en face, puisque les adversaires eux aussi sont persuadés d'avoir le Bien de leur côté. Ca annonçait quelque chose de subtil, non ? Quelque chose de peu manichéen, quelque chose où on aurait vu un héros se battre pour lui-même et en assumant son individualisme. Problème : encore une fois ce n'est pas assumé. Oui, Richard a un putain de god complex, et veut tuer Rahl pour venger son père. Mais Goodkind fait transparaître à chacune de ses lignes que tout de même, le Bien est de ce côté là, et que les actes de Richard sont justifiés, parce que l'autre est encore plus méchant que lui. Dommage.

Tiens, parlant de l'opinion de Goodkind qui transparaît, j'ai été très gênée par la "justice" sauce Richard Cypher. Qu'on se venge, no problem. Qu'on soit soumis à des accès de violence, no problem. Qu'on exécute des gens, no problem. Qu'on l'appelle justice, ça me dérange. Que ce soit quand Richard annonce, tout guilleret (le mec il a l'Epée de Vérité depuis 2 jours, genre il s'y croit quoi) "Ah oui au fait, ce mec s'est rendu coupable de meurtre et de tentative de viol. Je serais vous je le pendrais avant qu'il ne se réveille.", tu sens que Goodkind trouverait ça normal, de rendre justice comme ça. Quand Kahlan fait bouffer ses couilles (littéralement) à un violeur d'enfants, et que les spectateurs disent d'un ton admiratif "Elle sait ce que c'est, que la justice", ben non, Terry, désolée, ce n'est pas ça la justice. Appelle ça vengeance, appelle ça châtiment mérité, appelle pas ça justice. Tu me diras, le mec il écrit une histoire uniquement basée sur une magie qui se déclenche à la colère et à la haine. A quoi je m'attendais aussi, à une apologie de l'Habeas Corpus ?

Mais bref. Je dois reconnaître que certains passages sont tout de même prenants. Les tortures de Richard sont assez intenses, et on sent bien poindre le plaisir que trouve Goodkind à nous raconter tout ça, mais ça ne m'a pas, dans ce premier tome, gênée plus que ça ; au contraire, j'ai trouvé ce passage intéressant (Richard enfin débarrassés des boulets qui le suivent partout, enfin dans le palais de Rahl, et aux prises avec un personnage relativement intéressant et qui pour le coup est un peu plus original). Le passage dans le peuple d'Adobe est aussi sympa. Malheureusement, on voit venir les rebondissements à des kilomètres, la faute aux poncifs évidemment, et d'ailleurs, ça sonne faux : les personnages censés être les plus intelligents de la Terre se font avoir comme des jambons quand un vieux con leur annonce de le suivre, ou quand ils décident de confier des trucs à des gens à qui ils savaient DEPUIS LE DEBUT qu'on ne pouvait pas faire confiance. Non mais faut être con !

Je ne pense pas lire la suite, ça va m'agacer.
Nananah
3
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le 21 avr. 2013

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le 21 avr. 2013

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Nananah

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