Un chef d'oeuvre d'un réalisme puissant
Tim Willocks, qu'on a entrevu au Grand Journal il y a quelques semaines, a été chirurgien, psychiatre, grand maître d'arts martiaux, scénariste pour Steven Spielberg et Michael Mann... et écrivain. Excusez du peu... Voilà qui explique la réalisme particulièrement cru de ses oeuvres.
Son héros, Mattias Tannhauser, qui a combattu dans les rangs ottomans avant de rejoindre les troupes des chevaliers de Malte, s'engage, pour les yeux de la belle Carla, à l'accompagner sur Malte assiégée par les turcs afin d'y retrouver son fils et de ramener celui-ci sur le continent.
S'ensuit une véritable "Iliade de Malte", succession de combats d'une exceptionnelle férocité, où le héros va devoir se garder, non seulement des pièges des assiégeants, mais encore des intrigues de Ludovico l'Inquisiteur, lui aussi amoureux de Carla.
On peut difficilement s'empêcher d'être littéralement envoûté par les qualités de ce gigantesque roman de près de 1000 pages. Un roman historique particulièrement documenté d'abord. Un formidable talent de conteur. Mais aussi, et c'est ce qui le distingue de Follett, un style. Un style âpre, d'un réalisme sauvage, avec parfois de formidables envolées, qui vous emporte et vous passionne. Il y a dans ses descriptions du sang, de la douleur... et de la merde. Le chirurgien n'a pas de fausses pudeurs et, quand il décrit un charnier, c'est un charnier. Quel pouvoir d'évocation!
On sort de ce livre secoué, en se disant que, par bonheur, il a une suite, de près de 1000 pages aussi, ""Les douze enfants de Paris", avec le même héros, qui va vivre rien moins que... le massacre de la Saint Barthélémy! Je me réjouis déjà à la perspective de cette lecture.
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