J’ai enfin lu La servante écarlate, ce roman dont tout le monde parle. En 2017, son succès se réaffirme grâce à son adaptation en série télévisée. Avant de voir la série, il me fallait me plonger dans l’œuvre originale. J’ai longuement hésité à poster un avis de lecture tant les chroniques sont nombreuses sur la toile. Toutefois, par la suite, j’aimerais faire un parallèle entre série et roman, donc il me semblait judicieux de garder une trace succincte de ma lecture quelque part.


Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman. Beaucoup de personnes avant moi se sont déjà attelés à la tâche d’en faire une analyse approfondie. Ce n’est pas mon ambition ici: je n’en ai ni l’envie ni la culture nécessaire pour affronter un roman dystopique à l’univers aussi riche.


En débutant La servante écarlate, j’ai immédiatement pensé à 1984 de George Orwell. En effet, comme son homologue anglais, Margaret Atwood plante le décor d’un futur imaginaire où la société est organisée de manière totalitaire et terrifiante. Ce sont notamment les femmes, dont on a retiré tous les droits, qui en pâtissent. C’est une société patriarcale où la femme est vue purement comme une esclave domestique mais surtout sexuelle. Grosso modo, les femmes fertiles sont des utérus sur patte, uniquement utilisées pour recueillir la semence de leurs Maîtres, et si Dieu le veut, mener à terme une grossesse afin de repeupler le pays qui connaît une forte baisse de natalité.


La condition de la femme est juste terrifiante dans ce roman. J’en suis venue à la réflexion qu’au final, on pouvait nous retirer nos droits très facilement…et c’est ça qui fait peur. Parfois il faut peu de pas pour passer de la fiction à la réalité… A l’heure où on nous retire de plus en plus de liberté, il est intéressant de se rappeler de ce genre de roman dystopique. C’est ce que j’ai préféré à ma lecture, cet effort d’imagination de l’autrice et toutes les réflexions qui découlent de cette vision totalitaire.


Toutefois, et je le regrette beaucoup, le roman manque d’explications sur les précédents événements qui ont parmi à cette nouvelle société de se mettre en place. L’épilogue, certes, apportent quelques explications mais de nombreuses questions restent sans réponse. Même chose sur l’organisation de la société: on a des Servantes Écarlates, des Commandants, des Épouses, des Marthas, des Econofemmes, des Yeux etc…mais je trouve que l’on en sait peu sur ces différentes classes sociales. J’aurais aimé que l’autrice m’apporte plus de détails.


Je pourrais reprocher la même chose concernant le personnage principal, Defred. Certes on ressent bien son désarroi, sa solitude, on ne peut qu’avoir de la compassion pour cette jeune femme mais toutefois j’aurais aimé qu’elle donne plus son ressenti sur le système en place.


Le choix de la narration par la voix de Defred mêlant pensées et états d’âme ponctués par de nombreux flash-backs rend la lecture un peu compliquée. Difficile pour le lecteur de se retrouver entre le présent et le passé. Quant à la fin, elle est ouverte. Trop ouverte à mon goût. Beaucoup de questions sans réponse au point où on peut se demander où est le deuxième tome. J’espère que la série sera plus explicite…


La servante écarlate est certainement un roman qui continuera à compter dans l’univers du roman dystopique. Il est à classer à côté de 1984 de George Orwell, Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou encore Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Ne serait ce que pour votre culture personnelle, j’encourage ainsi de vous lancer dans sa lecture. L’univers dépeint par Margaret Atwood me laisse un sentiment de malaise et de colère et me porte à pousser ma réflexion sur la condition féminine. Toutefois j’aurai aimé que Margaret Atwood détaille plus les précédents de la situation actuelle et l’organisation de cette société. Malgré un épilogue intéressant, la fin très ouverte n’apporte pas assez de réponses à mes questions. Une impression que Margaret Atwood pose uniquement les bases de l’histoire dans La servante écarlate… Une suite est plus que nécessaire.

JessicaDubreucq
8
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le 16 juin 2019

Critique lue 160 fois

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