Mettre comme titre "La voix..." à un livre alors qu'on y parle 15 langues, c'est du mauvais goût.

Critique effectuée à la deuxième lecture de « La Voix des morts », un an après la première (pour jeu de mot inutile sur le titre de l’œuvre, voir le titre de cette critique).

Je reste toujours aussi admirative de la manière dont Scott Card parvient à créer des situations et des ambiances avec des procédés simples, des dialogues qui partent de rien et qui prêtent de tout, et sa faculté à créer des chemins mentaux, des connexions qui ne sont pas forcément logiques mais propres à un individus ; une dizaine de connexion qui suivent chacune un chemin différent mais approprié au personnage qui pense. Il me semble que la moitié du roman, du raisonnement et de sa structure tient sur cette particularité, plutôt rare et assez impressionnante.

Scott Card me parait encore une fois un magicien quand je le lis, parce qu’il parvient à rendre ses personnages vivants sans utiliser les « processus » faiblards et habituels utilisés par des auteurs moyens voire médiocres tel que le portrait physique mi-attirant mi-nauséabond et le brossage plat du caractère avec trois adjectifs tirés d’une liste pompée sur internet. Faculté qui peut paraitre normale, mais qui me semble beaucoup moins répandue que l’on ne le pense. Ce qui m’étonne le plus est qu’il parvient à les rendre humains sans utiliser tellement de description, ni de processus un peu moins faiblards mais toujours aussi nauséabonds de subtilité, bref ; il fait, il écrit. Il n’a pas l’obsession de toucher, je pense, mais dans un sens, cela fonctionne.

Beaucoup « d’attachement » donc, ou - je prends Dieu à témoin, je déteste ce terme, alors je le remplace tout de suite – du moins de l’intérêt pour les personnages. L’histoire n’est peut-être pas palpitante par son action, ni par son originalité (quoique sur ce point-là elle est correcte), et demeure parfois un peu trop prévisible, notamment par une mauvaise utilisation des points de vue, mais demeure très correcte. Une ou deux incohérences parfois, ou du moins, des détails qui pourraient soulever des questions assez compromettantes, et aussi une tendance à introduire un peu certaines choses de manière trop subtiles, c’est-à-dire, trop facile (je pense qu’il aurait fallu quelques recherches de plus derrière, également).

Ce que je reprocherais principalement à Card, c’est sa manière d’exagérer des processus d’écriture, qui lui sont propres ou non, de manière à ce que tout devienne presque caricatural. Je n’en citerais pas, ils sont petits mais multiples, selon moi. Parfois, il use de manière par toujours adroite des changements de pronoms, des dialogues, de sa subtilité des informations, de la façon dont il instaure une ambiance, de sorte que cela devienne grossier et peu crédible. Autre déception majeure aussi, Ender a perdu beaucoup de sa force et de son intelligence, bien qu’elle tente de se démarquer par sa rapidité de compréhension, depuis le tome précédent, et je trouve ça dommage, parce qu’il est bien plus ennuyeux.

Cependant, « La voix des Morts » reste une œuvre relativement correcte, qui tente d’aborder au travers de la fiction quelques réflexions humaines et différentielles – de manière plus ou moins pertinente – et qui me semble intéressante, bien que parfois légèrement longuette.
Shalynia
8
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le 14 avr. 2013

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Shalynia

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