il faut se rendre à l’évidence : il y a longtemps que le fantastique avaient besoin de ce genre de récits denses et fouillés, remarquablement malsains.

D‘abord, l’île déserte. Idéale, pour le narrateur, dont le passé l’oblige à fuir, et qui s’accommode très bien de l’isolement -on a quelques détails de ce passé, plutôt flous, principalement politiques. Idéale aussi parce que l’île déserte est un code du fantastique et de l’horreur. Quand le narrateur débarque sur cette île, et que l’on découvre en même temps que lui le phare, planté de clous rouillés et cerclé par des barrières de fer, on constate avec bonheur que le décor, premier élément primordial du genre fantastique, a été dessiné avec précision.

Doucement, le récit va glisser vers l’horreur -la première nuit avec les créatures (cf. extrait ci-dessus), et les suivantes- puis la critique sociale. Car la situation du narrateur et de son "compagnon", Batís Caffó, attaqués tous les soirs par ces monstres de mer, va finir par poser la question de l’envahisseur. Qui, des créatures ou de Batís, a attaqué le premier ? Qui se défend ? A partir de là, c’est la notion d’humanité qui est mise en avant. C’est finalement, un huis clos philosophique, qui a eu la bonne idée de ne pas négliger l’atmosphère, malade et malsaine, qui flotte sur cette île, et, surtout, entre ceux qui y vivent.

Pour conclure, une écriture riche, très dense, aux influences discrètes. L’auteur a le sens du détail, possède ses personnages. C’est un récit humain, aussi pessimiste que pertinent.
Sarah_Beaulieu
8
Écrit par

Créée

le 15 janv. 2014

Critique lue 572 fois

7 j'aime

Sarah Beaulieu

Écrit par

Critique lue 572 fois

7

D'autres avis sur La Peau froide

La Peau froide
Sarah_Beaulieu
8

Dense et malsain

il faut se rendre à l’évidence : il y a longtemps que le fantastique avaient besoin de ce genre de récits denses et fouillés, remarquablement malsains. D‘abord, l’île déserte. Idéale, pour le...

le 15 janv. 2014

7 j'aime

La Peau froide
NouvelAn
9

La nuit leur appartient

Se perdre au fond du monde, fuir son ancienne vie, son passé et la voir revenir et le revivre chaque nuit. La lutte glaciale, être déjà mort pour se sentir en vie. Rarement un roman ne m'avais autant...

le 24 mai 2021

1 j'aime

Du même critique

Malpertuis
Sarah_Beaulieu
9

Une révélation.

Hypnotique, brillamment écrit, Malpertuis est une révélation. Mon avis : Découpé en plusieurs voix, le récit est en grande partie mené par le jeune Jean-Jacques Grandsire qui, errant dans l’épaisse...

le 15 janv. 2014

11 j'aime

Caligula
Sarah_Beaulieu
8

Caligula et Le Malentendu

La première pièce présentée dans cette édition, Caligula, est la raison principale de l’achat de ce livre, trouvé d’occasion dans une petite librairie il y a quelques jours. Le nom de Camus, imprimé...

le 15 janv. 2014

9 j'aime

Le Moine
Sarah_Beaulieu
8

Eloge de la perversion

Au début du chapitre II, alors que le moine vient, durant un sermon enflammé, de mettre le peuple en face de ses vices (« Chacun des auditeurs fit un retour sur ses offenses passées, et trembla ») il...

le 6 avr. 2014

8 j'aime