C’était un roman incontournable de cette rentrée littéraire de septembre 2018. Un roman récompensé à de multiples reprises et qui a éclaboussé cette rentrée par sa fraîcheur. Chez Lettres it be, on avait raté le coche. Avec presque un an de retard, on s’est penché sur La vraie vie d’Adeline Dieudonné. Et on ne regrette rien…
La bande-annonce
C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.
L’avis de Lettres it be
Une jeune auteure belge qui avait capté l’attention dès 2017 avec une nouvelle récompensée du Grand Prix du concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une jeune auteure belge qui a définitivement percé avec un premier roman on ne peut plus remarqué… Il était difficile de rester indifférent à Adeline Dieudonné. La rentrée littéraire 2018 fut la sienne, peut-être encore plus que celle des lauréats du Goncourt et autres prix ayant pignon sur rue.
Dans La vraie vie, celle qui brille aussi sur les planches et devant la caméra fait fort. Dès les premières lignes, dès les premières pages, à l’image de l’ouverture du Chanson douce de Leïla Slimani qui reste une référence en termes d’entrée en matière, Adeline Dieudonné fait très fort. On embarque immédiatement dans un univers qui s’annonce particulier, fantasque et grave, lumineux et nuageux.
« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. »
Une jeune fille, une entrée dans la vie, une famille pas comme les autres, des portes qui claquent, des cadavres qui s’empilent… D’une écriture limpide et cadenassée, Adeline Dieudonné donne à son histoire un écrin taillé sur mesure. Il n’en fallait pas plus, il n’en fallait pas moins : tout est parfaitement dosé, des chapitres au rythme rapide en passant par des tournures suffisamment imagées pour nous emporter d’un coup de plume, La vraie vie est un grand livre. Par cette douce folie qui semble réelle trop réelle, on aimerait nager en plein délire. Mais, à chaque ligne, l’auteure nous rappelle une chose : la vraie et bonne fiction danse et virevolte dans les bras du réel. Et quand on y croit à ce point, quand on entre dans la danse à ce point, c’est en face d’un grand livre que nous nous tenons. Indiscutablement.
Il y a du Roald Dahl, il y a de cette douce folie qui se trémousse dans le réel. On pense aussi au En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut qui fut un immense coup de cœur pour (presque) les mêmes raisons. Adeline Dieudonné frappe un grand coup avec un premier roman remarqué, à juste titre. Une seule envie désormais : encore et encore des textes de cette trempe.
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