Faulkner disait commencer chacune de ces journées ainsi, quelques " vers de Shakespeare et de whisky". Voilà la première pierre de cette cathédrale de prose qu'est le bruit et la fureur. Je parle de cette désormais célèbre citation: It's a tale told by an idiot
Full of noise and Fury
Signifying nothing
L'histoire, celle du déclin d'une famille du Sud, nous ai contée, montrée plutôt, à travers le regard de différents personnages de l'histoire: Benjamin, le simple d'esprit; Quentin, l'esprit torturé; Jason, le dernière homme de la famille, excédé et pragmatique quant à l'avenir de siens.
Lire ce livre, c'est se frotter à un style difficile d'accès que l'on pourrait comparer au courant de conscience de Joyce. On est entraîné dans des tourbillons d'émotions et de pensées, dans le monologue intérieur de chaque personnages. En résulte des phrases incroyablement, très complexe et sans aucune ponctuation parfois. Lire certains passages du premier coup est impossible, l'absence de ponctuation désarçonnant le lecteur. Aborder cette œuvre, c'est s'abandonner à elle, accepter de ne pas tout comprendre, d'effleurer et de sentir cette incroyable densité sans pour autant l'analyser et la disséquer.
Cette œuvre a aussi de remarquable le portrait du Sud qu'elle brosse. On retrouve un thème cher a Faulkner et qui est traité avec maestria: ces personnages sont conscient de leur déclin, de leur perte mais leur terre les forcent à rester ici, à y mourir. Le rapport au sol, sa malédiction, est abordé de manière unique grâce au personnage de Benjy. C'est globalement toute la société qui est dépeinte, Faulkner affichant bien ce sud qu'il aime autant qu'il hait. Lire Le Bruit et la Fureur permet de comprendre un des aspect les plus important de l'écrivain.


Cet ouvrage exige finalement une certaine ouverture d'esprit, un abandon à l’œuvre. Pour qui en est capable, c'est un univers unique qui s'offre à vous. Un univers où le romancier américain côtoie le dramaturge grecs.

La_voix_du_Dragonaut
9

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Créée

le 6 mai 2015

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