Un grand bonheur de lecture, dès le début j'ai été captivée par le parcours de Théo Decker dont la vie et l'enfance sont soudain anéantis par un attentat dans un musée. Dès lors on s'attache à son parcours d'oiseau blessé voletant tant bien que mal de branche en branche, sans défense face au cynisme du monde, entre road trip et moments d'introspection où rongé par la culpabilité il revit encore et encore la scène dans laquelle sa vie aura basculée. L'amitié avec Boris, à la fois mauvais génie et ange gardien dans le no man's land de las vegas, l'amour secret qu'il voue à Pippa, qu'il rencontre quand son monde s'effondre, sa vulnérabilité, son lien avec le monde de l'art, à travers Hobie sa quête du paradis perdu, nous le rend proche comme seule peut le faire la littérature. En échappant au désastre de l'attentat, Théo va emporter avec lui un tableau qui deviendra son pesant secret, sa boite de pandore et en même temps le lien qui continue à le relier à la vie, à la manifestation de la beauté, à tout ce que sa mère aimait, à ce qui continue à le rattacher au monde, malgré les angoisses suicidaires qui le traverse. Malgré la nostalgie qui l'habite, le roman est lumineux comme l'oiseau du tableau et touche au coeur.