Bill Masen, notre gentil héros, fait partie de ces quelques chanceux qui ne sont pas devenus aveugles suite à l'exposition à des sortes de radiations vertes venues du ciel, pseudo chute de météorites. Et comme par hasard, depuis quelques années, s'est développée sur Terre une variété de plantes mobile, aveugle et capable néanmoins de se repérer dans l'espace, ayant un goût certain pour la chair humaine.


Oui, oui, c'est sûr que présenté comme ça, le speech de départ apparaît pas mal capillotracté. Cela dit, les explications tiennent le coup, notamment en se replaçant dans le contexte post-Deuxième guerre mondiale, dans les premiers temps de la Guerre froide. Il n'y a pas ici ce bon vieux deus ex machina de l'invasion extra-terrestre, ou un quelconque tagadatsoitsoin version grand complot. Parce que finalement le récit de Wyndham n'est pas aussi simplet qu'il pourrait y paraître. Bien au contraire il nous livre une réflexion critique qui tient autant de la sociologie que de la politique teintée d'un brin de psychologie. Il n'est pas question de refaire le monde, mais de l'éclairer sous une perspective telle qu'il nous pousse à nous interroger sur nos sociétés et nos comportements - vertu partagée par tous les bons livres de SF. Il a le mérite de pointer la question du consumérisme, ses bienfaits et ses excès, notamment sur la quête du profit à tout va.


Un discours en filigranes, bien entendu, qui permet de mettre en branle une histoire bien conçue et pas dénuée de rebondissements, mais qui manque parfois un peu de relief. Avec ceci, quelques rasades de personnages sinon recherchés qui possèdent tous une personnalité propre, dont deux ou trois d'une profondeur telle qu'elle rend crédible une confrontation intéressante des points de vue, et un zeste d'une écriture somme toute soignée (après lire des traductions empêche toujours de trop s'attarder sur ce point, même si on peut s'en faire une bonne idée générale).


Si l'ouvrage souffre aujourd'hui de la démultiplication des livres post-apo et d'un traitement qu'on aurait aimé un tantinet moins lisse (1951...), d'avoir pris un peu d'âge, en somme, je le recommande néanmoins très chaudement. Voilà, ça explique la métaphore en titre, ça et le fait qu'ils passent pas mal de temps au début du bouquin à picoler. Je ne sais pas vous, mais moi, à leur place, je ferais pareil.

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le 7 déc. 2015

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Mojo Saurus

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