Le Pouvoir
6.7
Le Pouvoir

livre de Naomi Alderman (2016)

Et si les femmes dominaient le monde ?

Naomi Alderman s'est amusée à inverser les rôles : les femmes deviennent le "sexe fort" et s'emparent peu à peu du pouvoir de par le monde. Le concept est intéressant et accrocheur. D'autant plus que le livre est bien vendu : sur la 4e de couverture, on trouve des recommandations de libraires et surtout celle de Margaret Atwood, autrice qui connait actuellement un succès international grâce à "La Servante écarlate", fiction dystopique qui traite également de la place de la femme dans l'avenir de nos sociétés. De quoi se lancer dans le roman plein d'enthousiasme !


Bon, à la lecture des premiers chapitres, première déception : le style d'écriture, simple et parfois même simpliste. Deuxième déception, liée à la première : j'ai l'impression de lire un roman pour ado mal traduit, avec la découverte d'un super-pouvoir et des passages "olé olé" plaqués et finalement bien gentils. Qu'importe, je m'accroche, je suis trop curieuse de savoir comment serait un monde où le pouvoir est dans les mains des femmes. Et c'est bien ça - l'intrigue qui nous happe - qui permet de dépasser ces éléments bancals et d'apprécier le livre.


Ce roman "historique" est une dystopie futuriste : du jour au lendemain, des jeunes filles découvrent qu'elles possèdent un "pouvoir", un fuseau qui leur permet d'envoyer des décharges électriques. A partir de là, le rapport de force s'inverse : les femmes se sentent puissantes, n'ont plus peur des hommes et commencent à revendiquer cette supériorité. On suit ce changement à travers plusieurs personnages : la grande majorité sont des jeunes filles qui ont été abusées par des hommes et qui nourrissent donc une rancœur vis-à-vis de la gente masculine. A travers leurs parcours, qui bien sûr vont finir par se croiser, c'est toute une réflexion sur la quête du pouvoir, mais aussi la religion, la politique et le fonctionnement de nos sociétés.


C'est un triste portrait de l'humanité que nous propose l'autrice, tant dans sa description de l'"ancien-monde" (entendez le monde contemporain) que dans celle de cette nouvelle ère où les femmes accaparent le pouvoir. Spoil : quel que soit le "dominant", c'est la violence qui gouverne. "Le Pouvoir" n'est donc pas féministe - comme on pourrait le croire au premier abord - mais misanthrope et pessimiste sur l'avenir de l'humanité. Peut-être n'est-ce pas si loin de la réalité ?

Point-virgule
6
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le 3 févr. 2018

Critique lue 490 fois

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