On ne saura jamais ce qu’il prit à Asser Toropainen de laisser en héritage à son petit-fils Eemeli une mission si particulière. Le vieil homme avait été durant toute sa vie un communiste invétéré qui, au cours, du XXe siècle avait brûlé nombre d’églises, ces lieux où l’on distille l’opium du peuple et l’aveugle sous des sornettes. Aussi lorsqu’il laissa suffisamment d’argent pour créer une fondation ayant pour but de construire une église, il y a de quoi laisser perplexe.


Écrit en 1992, Le cantique de l’apocalypse joyeuse se révèle être une utopie jubilatoire et Arto Passilinna entre pour la première fois dans l’anticipation. Lorsqu’Eemeli trouve enfin un coin reculé de Finlande où son grand-père possédait des terres, il constitue une équipe d’ouvriers et se met immédiatement au travail.


C’est sans compter sans les tracasseries administratives tant de la part de la commune qui lui refuse le permis de construire que de l’évêque local qui ne veut pas entendre parler d’une nouvelle église et encore moins d’une nouvelle paroisse. Mais rien n’arrête Eemeli, bien décidé à honorer les dernières volontés de son aïeul.


Lorsque des écologistes rejoignent ce coin de nature, qu’un ours importune la populace, il s’agit là que de petites tracasseries, car le monde change. En effet, une centrale nucléaire explose du côté de Saint-Pétersbourg. Des tensions naissent entre les peuples, des réfugiés prennent la route et la troisième guerre mondiale devient imminente.


Alors la petite communauté s’agrandit peu à peu, prend de l’autonomie, se doit d’avoir une pasteure pour veiller sur les habitants et finalement devient une société à part entière. D’ailleurs elle a sa propre milice de défense et gère ses frontières, malgré un monde qui va à vau-l’eau. Jusqu’à la fin du monde.


Une histoire, où on retrouve l’alcool distillé avec des produits naturels, les traditionnels saunas, le rapport à la nature qui est le cœur de l’âme finlandaise. Arto Paasilinna nous séduit encore avec son humour, même quand des drames se jouent. Le sourire accueille l’avenir avec sérénité, quel qu’il soit. L’auteur qui nous a quitté l’an passé l’a bien compris et sait nous faire passer ce message avec talent.

Bobkill
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le 26 mai 2019

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