Quel plaisir de retrouver la famille Malaussène après tant d'années !


Cette longue absence était sans doute nécessaire. Le dernier tome versait tellement dans le haut en couleur, que les histoires incroyables et ses personnages commençaient à se caricaturer dangereusement comme un conte trop souvent raconté.


Haut en couleur, incroyables et à la limite de la parodie, les personnages et leurs histoires le sont toujours autant, mais l'écriture s'est assagie. On lit les aventures de Benjamin Malaussène pas tant pour les rebondissements et enlèvements qui ponctuent les histoires du bouc émissaire, que pour le style, la narration et le caractère donné dans les descriptions. Les mots rares se mélangent à des expressions qui touchent toujours juste exprimant, avec un langage métaphorique aussi argotique que savant, des images frappantes qui font toujours sourire.


Mais là où le Cas Malaussène est un plaisir de lecture, c'est dans la façon dont il arrive à faire du neuf avec du vieux : la saga Malaussène était jusqu'ici extrêmement ancrée dans le Paris des années 1980. Lorsqu'on le relit aujourd'hui, ça semble une époque ancienne avec des personnages peu transposables dans notre modernité. Et bien Daniel Pennac a utilisé le même langage et continue à jouer avec les mots pour évoquer de façon indirecte, le Paris de 2017, l'état d'urgence, ses flics, ses truands et ses artistes.


Les personnages classiques du Panthéon malaussénien sont presque tous là, de Julius le Chien épileptique increvable, aux flics et truands de Belleville hautement flinguables. Pour moderniser le tout, la narration du blasé Benjamin est rafraîchie par une nouvelle génération de Malaussène tout aussi hauts en couleurs et forts en capacité de duper leur monde, malgré leur noms aussi improbables que Verdun, Tuc, Sept, Mosma ou Mara. On rajoutera aussi des financiers cachottiers qui n'en peuvent plus de parler, des auteurs modernes aux noms antiques et suffisamment de fausses pistes pour se demander à partir de quel moment, notre héros, Benjamin Malaussène va se retrouver responsable de ce bordel. Et ça ne manque pas.


Le seul regret va aux jeunes lecteurs qui ne connaissent pas cet univers de Pennac, et devront affronter un plongeon dans les 7 précédents tomes pour avoir le plaisir des retrouvailles de ce roman... ce qui en soit n'est pas mauvais, car c'est une belle idée de voyage en attendant le Tome 2 !

Ytterbium
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le 26 mai 2017

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