Plus de trente ans après la mort accidentelle de ses parents par asphyxie, Anny Duperey, comédienne de renom, ose rouvrir le tiroir de sa commode où son rangées les clichés pris par son père, photographe professionnel.
Pour arriver à vivre normalement après le deuil, elle a voulu oublier, ne plus y repenser, enfouir son passé antérieur au drame, presque le renier comme elle l'avoue elle-même, ce qui est déjà bouleversant et très touchant, par la manière dont cela est décrit.
Elle connaît l'existence de ces photos et leur emplacement, dans ce qu'elle appelle la "commode-sarcophage". Et c'est à partir de l'analyse de ces images, reproduites dans le livre qu'est effectué l'effort de mémoire, qui demeure partiel, en raison de nombreux points qui n'arrivent pas à ressurgir.
Ce livre est écrit de la manière la plus naturelle qui soit, comme s'il s'agissait de retranscriptions quasi-exactes de pensées telles qu'elles viennent, ou d'une conversation à un(e) bon(ne) ami(e) ; et ayant vu l'émission Petites confidences entre amis qui lui est consacré avant de le lire, cela me le confirme.
Il en résulte que l'auteur se livre telle quelle, avec un mélange subtil de forces et de faiblesses, les unes comblant les autres. Le choix de la sincérité poussée à l'extrême est tout aussi désarmant que les aveux qui y sont faits. Cette personnalité tout autant forte que touchante ne manque pas de charme intérerieur, en sus de celui de l'apparence dont elle est parée.
Dans l'émission sus-indiquée, où Ariane Massenet opère à distance en maîtresse de cérémonie, l'invitée, comme le principe l'exige, attend dans une suite d'un grand hôtel parisie, les proches connus venus l'interroger. Et, face à Bernard Le Coq, Mme Fugain, Pierre Mondy et Claude Sarraute, l'on retrouve point à point les mêmes caractéristiques.
Cette dame grave, douce, simple, sincère et pudique m'a beaucoup ému.