Parce qu'il a commis une erreur médicale, Fredrik Welin, la soixantaine, s'est retiré sur un îlot de la Baltique. Il y mène une vie d'ermite ponctuée par les visites du facteur, avec pour seule compagnie un chat et un chien.
Au début de son récit, Mankell décrit le quotidien monotone de Fredrik dans un style lent et pesant qui reflète bien la déprime de l'homme dont la vie semble désormais sans but. Et sur son île déserte héritée de ses grands parents la Nature omniprésente est au diapason : la solitude des lieux convient parfaitement à celle de cet atrabilaire qui s'enfonce dans la misanthropie.
Dès l'instant où apparaît Harriet, son ancien amour de jeunesse qu'il a ( lâchement ) abandonnée 40 ans plus tôt, on découvre un homme, tout simplement, avec sa part de mensonges, d'erreurs et de promesses non tenues, dont il se sent plus ou moins consciemment coupable.
Mais qui conserve également au fond de lui cette part, encore intacte, d’ouverture à l’autre que l'irruption d'Harriet va dévoiler : cet homme qui, au seuil de sa vie, à l'occasion d'un retour sur soi, se voit enfin tel qu’il est, et s’autorise à laisser parler et agir celui qu'il a enfoui en lui depuis trop longtemps, pour cesser de (se) faire du mal sans s’en rendre compte.
Fredrik s'embarque alors dans un voyage qui l'amènera à reprendre goût au contact des autres : "Pas plus loin. Mais jusque-là"...
Comment s'empêcher de remarquer qu'au cours de cette rédemption Mankell traite sans détour, de cette écriture à la fois simple, imagée, efficace, et touchante, des questions de la mort, de la maladie qui abîme, de la peur qui en naît. en 2009