Le conte en héritage

Influent homme de lettres pendant les années de Louis XIV, Charles Perrault est aussi celui qui a remit les contes de fées au goût du jour à la fin de sa vie et qui a diviser les Anciens contre les Modernes. Ses contes se divisent en deux: 3 contes en vers et 8 en proses. C'est surtout ceux en prose qui sont parmi les plus connus et qui ont été les plus repris bien des décennies après.

Si au premier abord, ses contes s'adressent en priorité aux enfants, lorsqu'on les creusent un peu plus, les adultes ne sont évidemment pas en reste. Perrault se permet tout même le plus dur: que ce soit l'inceste dans Peau d’âne, l'abandon dans Le Petit Poucet, le meurtre sanglant dans La Barbe bleue, la jalousie d'une belle-mère dans Cendrillon, etc. Autant de thèmes qui donnent une nouvelle lecture de ces contes qui ont été rattachés bien plus tardivement qu'on l'imagine à la littérature enfantine.

Là où ces contes sont intéressant c'est sur le point de vue historique car il nous donne a voir une photographie de la population française de l'époque (des paysans, des rois, des artisans, des princesses qui en prennent plus ou moins pour leur grade, pauvres, riches) mais aussi des êtres imaginaires de l'enfance comme les ogres, les fées, les animaux qui parlent. Autant de personnages et d'objets magiques qui forment un vrai monde et même un lien dans certains contes (par exemple, les bottes de sept lieues qui reviennent dans 2 contes). Quand on découvre les contes la première fois, on peut être étonné de la tournure de certains: biberonné aux Disney, on s'aperçoit que Le conte de La Belle au bois dormant n'a plus rien à voir avec celui du film, faisant apparaître en ogresse la mère du prince qui veut dévorer les enfants de la princesse, ou que celui de Cendrillon quand même moins dur que le film de notre cher Walt. D'autres comme Le Petit Chaperon rouge, le plus court des contes mais aussi le plus efficace et le plus rythmé et d'autres moins connus comme Riquet à la Houppe qui mélange avec délice le laid avec le beau.

Au final, rare sont les contes à se finir mal car si on commence assez durement, c'est le parcours et les épreuves du personnage qui permet une résolution bienheureuse avec une morale à rapprocher avec celles de La Fontaine comme mise en garde aux jeunes enfants sur les dangers de la vie. De ce recueil, ses meilleurs resteront pour moi Le Petit Poucet et Le Chat Botté, deux excellents textes.

Et je finirais par parler des illustrations que Gustave Doré a faite pour ses contes et qui sont dans l'édition que j'ai lu: exceptionnelles par leur beauté et par le sens personnel qu'il a aussi pu donner à ces contes.
Un très bel ouvrage qui mérite d'être ouvert autant par les enfants que par les adultes car il réserve des surprises et peut-être une nouvelle lecture à laquelle on ne s'attendait pas !