Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Anacharsis pour l'envoi de ce livre.
Les Oscillants fut une très bonne lecture et presque une surprise, puisque je ne connaissais pas leur auteur, même si le synopsis avait beaucoup attisé la curiosité et l'envie de l'amateur de fantastique que je suis.
Les Oscillants est d'abord d'un récit d'aventure, puisque la personnage principale se retrouve, pour les besoins de sa recherche, dans un village reculé du monde, entourée d'êtres qu'elle ne connait pas, aux moeurs étranges et à la méfiance teintée d'hostilité.
La raison de la présence de la jeune chercheuse est une étude de chants de bergers entendus dans son enfance, dont elle voudrait établir le répertoire. Il est difficile d'en dire davantage sur l'intrigue sans la divulguer. J'oserais seulement révéler que l'auteur, bien que laissant planer une obscurité presque entière sur le village de Crottarda et ses habitants visibles et invisibles, offre une résolution de l'énigme des chants de berger à mi-roman. On croit alors que les choses vont s'éclaircir, que les voiles (de brume) vont être levés.
Il n'en est rien : ce que Claudio Morandini nous dit du monde, c'est qu'un mystère en suit un autre, et que l'on ne résout pas une énigme sans en trouver de plus grandes ou de plus nombreuses derrière elle. Il y a quelque chose de l'arpenteur K dans le personnage principal (d'ailleurs elle-même sans identité), sauf que le Château de Kafka est ici une montagne, dont les dolines et avens qui s'ouvrent béants dans le sol jouent le rôle des vestibules et des salles d'attente du Château : y entrer ne révèle rien, si ce n'est la présence d'arrière-mondes impénétrables aux vivants, et à jamais inaccessibles.
J'ajouterai pour finir que l'écriture de Claudio Morandini m'a beaucoup plue : elle est à la fois simple et élégante, très bien rendue par la traduction de Laura Brignon. En fermant le roman, on se surprend à espérer une suite, un retour dans le froid humide et sombre, revoir Bernardetta ; quand bien même des mystères plus profonds encore nous attendraient à Crottarda.