Werther vagabonde en Allemagne, est invité à un bal, et danse hasardement avec Charlotte. Dès les premiers échanges, les premières danses, un amour fou le saisit et ne disparaîtra pas. Où qu'il aille, où qu'il soit, ses pensées ne vont vers qu'elle, sa vie entière s'arrête pour Charlotte. Albert est toutefois déjà promis à Charlotte et la fidélité de Charlotte à son égard sera sans failles. Commence alors les souffrances que l'on devine au travers de l'échange de lettres que Werther adresse à son ami. Werther fait tout pour aggraver son cas, ses visites répétées en la demeure de Charlotte attire les interrogations de son entourage, Werther s'occupe de ses enfants avec une immense patience, regarde charlotte jouer du clavecin... Chaque visite est une souffrance supplémentaire mais son attachement est tel qu'il poursuit cette relation.
Ici vous pouvez spoiler
La tournure dramatique atteint son apogée lorsque Werther se suicide à la fin du roman.
J'apprécie l'extrême sensibilité du roman, Werther n'est pas qu'attaché à Charlotte, il s'attache énormément à tout, à des lieux, à des arbres, à des fleurs, à un tueur fou placé dans un asile.... il s'attache irrésistiblement à tout, au passé lui-même et oublie sa propre existence. Il ne voit pas cependant que dans l'amour extrême, il y a du vrai et du faux. Son amour passionné pour Charlotte dissimule son envie de la posséder toute entière à lui seul et c'est la tout le piège de l'amour. A vouloir posséder comme un vulgaire objet une personne, l'amour s'efface au profit d'une passion malsaine et Charlotte l'a bien compris "c'est l'impossibilité de me posséder qui seule irrite votre désir" la plus sage réponse que Charlotte put apportée. On peut néanmoins reprocher à Charlotte de ne pas avoir été plus ferme dès le départ face à l'ambiguïté de la situation, mais non, elle a préféré feindre d'ignorer sa souffrance, contente d'avoir un adorateur de plus dans sa vie. C'est un reproche assez faible car bien sûr toute la faute du suicide de Werther provient bien de l'entêtement indéfectible de Werther lui-même. Quant à Werther lui-même, quel égoïsme de ne pas se réjouir de la vie heureuse et paisible de Charlotte elle-même et quel égoïsme de culpabiliser Charlotte elle-même sur son propre sort. Un amour vrai et sincère cherche à éviter toute douleur inutile chez la personne qu'on aime. Werther l'a fait culpabiliser sans même lui avouer en toute transparence ce qu'il pensait pour elle, maintenant ainsi une certaine ambiguïté très pesante entre eux. Alors que s'il s'était pleinement confié à elle plus tôt, elle lui aurait objecté un refus et il serait sans doute passer à autre chose. Douleur supplémentaire, Albert, l'époux de Charlotte était irréprochable aux yeux de Werther, tant il était serein, fin, subtil, léger, les pieds sur terre... Il ne pouvait même pas blâmer son époux en pensant mériter sa propre place. Bref, malgré tout on ne peut s'empêcher de compatir durement pour Werther, on se sent léger après cette lecture même si cela désoriente quelque peu l'esprit.