Ce congé donné à son majordome par ce comte anglais représente l'occasion pour l'employé de dresser le bilan de son existence professionnelle, pendant qu'il découvre l'Angleterre. Sa fidélité admirable lui rend honneur, son sens du détail presque maniaque, son sens du pardon étonnamment humain, avec toutes les forces et faiblesses que cela contient.
Il évoque ses scrupules au renvoi de deux domestiques juives et aux tentatives de rapprochement diplomatique du Royaume uni avec l'Allemagne nazie qui demandent beaucoup d'énergie à son patron. Des états d'âme lui viennent à l'esprit, des remords, mais le sentiment de fidélité et l'appel du devoir finissent par avoir raison de ces considérations, subséquentes, semble-t-il, à des errements passagers.
Subalterne d'un grand de ce monde, il ne doit pas se poser trop de questions, encore moins remettre en cause les ordres de son maître. Cette analyse élégante et fine d'un monde qui l'est tout autant dans ses formes et manières en fait indéniablement un bon livre, avec tous les éléments dérangeants des travers de ce système domestique, prêt à se compromettre pour mieux paraître docile. L'ambivalence morale prévaut ici et est dépeinte avec finesse. Le film qui en est tiré reste très fidèle - lui aussi - à l'oeuvre éponyme.