«La ferme africaine» nous parlait de la passion de Karen Blixen pour l’Afrique et de l’hommage rendu par l’auteur. Mais surtout à ce caractère révolutionnaire rejetant les conventions pour une vie d’aventurière. L’ouvrage renvoie aussi à ce caractère de femme forte, sûre d’elle-même et de sa valeur, qui dérange dans son aspect un peu «colonial».


La qualité narrative et la description de Blixen notamment pour l’environnement et son émerveillement pour la nature se retrouve ici dans «Les chevaux fantômes et autres contes» et relève d’un sentiment curieux à la lecture. Comme souvent, la tragédie se dispute à des moments d’humour et d’effet de style nous amenant à chaque fois pour ces 4 nouvelles des chutes étonnantes en ce sens où elles tombent comme un «cheveu sur la soupe», nous prenant à contre-pied de ce que l’on pouvait en attendre, comme un pied de nez de l’auteur aux lecteurs, pour le seul plaisir de la lecture et du verbe. Cet aspect là de son écriture peut laisser perplexe par instant mais la vivacité d’esprit et les bons mots sont une petite merveille d’écriture et de finesse et bien sûr de nostalgie.


1- Ehrengarde nous raconte la rencontre d’une héroîne, sorte de guerrière innocente déchaînant la passion créatrice d’un peintre et surtout séducteur qui sera pris à son propre piège, avec en filigrane le poids des conventions ou comment retourner la situation avec tact pour une grossesse arrivée avant l’heure et sert le propos de l’auteur en butte avec son époque.
Les caractéristiques des personnages et du milieu aristocratique et militaire, nous rappelle que son père était officier, et pointe également les failles d’une éducation rigide. Une intrigue mettant en valeur ce qui lui tient aussi à cœur : serviteurs et nourrices (pour un hommage peut-être à celui qui l’accompagnât tout au long de sa vie) et de femmes aux caractères bien trempés.


2- Lord Byron rencontre son double qui veut lui réécrire sa vie, est une courte nouvelle et l’auteur par quelques pages rend hommage au poète romantique, ici fortement désabusé, pour nous rappeler qu’il luttait lui aussi contre la société de son temps avec une certaine idée de regret du temps qui passe.
3- le gros homme : un jeune homme pense avoir trouvé un tueur d’enfant et décidera lui-même de la résolution reste lui aussi dans une sorte d’hymne à la jeunesse bafouée mais revencharde.
4 - les chevaux fantômes est une douce fable nostalgique où les chevaux fantômes (ou pas) nous offrent encore une fois un «Twist final» en décalage tout en innocence.


Pas aussi emballée que les «contes d’hiver» qui quant à eux se teintaient de fantastique plus prégnant. Malgré une lecture aisée, il manquerait ici un soupçon de revendication ou de surnaturel plus puissant.

limma
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le 19 juin 2017

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