Cela fait plusieurs années que je souhaite lire une oeuvre de Colombe Schneck que j'aimais entendre à la radio dans ses chroniques et dont la personnalité a toujours piqué ma curiosité.


"Les guerres de mon père" est le premier titre que je découvre mais je crois savoir qu'il réunit beaucoup des enjeux qu'elle place dans l'écriture : mieux connaître l'histoire de sa famille pour mieux la comprendre, pour entretenir sa mémoire et surtout pour tirer de ses expériences un sens à sa propre existence.


Partant de là, son style est fatalement très personnel, tout comme son sujet est intime. Ici, la frontière entre l'auteur et le narrateur est quasi inexistante. De sa famille juive dont les origines se situent "dans des pays qui n'existent plus", aux confins de l'Ukraine, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Pologne, Colombe - au prénom prédestiné - cherche à apaiser le passé à multiples visages en rendant hommage à chacun de ses membres. Une famille marquée par l'exil et la migration.


Dans la forêt généalogique ainsi explorée, a vécu un arbre noble, peut-être un chêne, d'abord robuste puis rendu frêle par différentes calamités (humaines, pas naturelles) : Seconde guerre mondiale, l'Occupation, la vie cachée, secrète, la Résistance ; mort du Père, mystérieuse, violente, honteuse ; guerre d'Algérie, l'illusion coloniale, la torture, la culpabilité. Cet arbre, c'est Gilbert Schneck, son père. Colombe a follement aimé Gilbert et a été follement aimée par Gilbert. A travers ce roman-quête, moitié chronique, moitié documentaire, elle se livre énormément en dévoilant la personnalité de son père. Le récit est touchant, souvent émouvant.


J'ai ressenti de nombreuses émotions fortes au cours de ma lecture. D'abord parce qu'il est rare qu'un lecteur puisse rester indifférent au spectacle inlassablement retracé des séquelles du nazisme, ou de la guerre en général, quel que soit son nom. Ensuite, et à ma grande surprise, peut-être ai-je également été émue par le fait que mes grands-parents portent les mêmes prénoms que les parents de l'auteure, Gilbert et Hélène, et sont nés comme eux en 1932. Au fil des pages, je n'ai ainsi pu m'empêcher de juxtaposer en filigrane le visage de mes grands-parents sur ces deux personnages, et bien que n'étant pas juifs, eux aussi ont vécu ces conflits et ces traumatismes. Enfin, j'ai eu la sensation de replonger dans l'atmosphère du roman-enquête de Patrick Modiano, "Dora Bruder", que j'avais beaucoup apprécié.


Mes seuls reproches concernent le style en lui-même, je l'ai trouvé globalement trop égocentré même s'il reste plaisant à lire, et paradoxalement, alors que la trame est chronologique, j'ai parfois jugé la narration dispersée.

Gwen21
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le 1 févr. 2018

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