Lolita
7.9
Lolita

livre de Vladimir Nabokov (1955)

Aujourd'hui, un livre aussi sulfureux ne pourrait jamais dépasser la case du comité de lecture des maisons d'éditions. Heureusement, la censure était dans les années 50 plus laxiste, et les mœurs quelque peu différentes. Cela n'a pas empêché Lolita d'être interdit dans plusieurs pays, de provoquer un véritable scandale, et d'être taxé de chef d'œuvre.

Humbert Humbert, le héros du livre, est attiré depuis toujours par les nymphettes, ces petites filles aguichantes, coquines (peut-être malgré elles), fraîches, depuis une histoire de cœur malheureuse lors de son adolescence. A l'époque, le Net et son lot d'excellent sites pédophiles ne lui permet pas d'assouvir entièrement ses pulsions. Il rencontre bientôt une jeune fille, Lolita, de son véritable nom Dolores Haze, la fille de sa logeuse, 12 ans, et tombe sous le charme de cette sublime nymphette, immédiatement. Il est tiraillée jour et nuit par cette petite gamine qui, par jeu ou non, semble l'aguicher. Un seul objectif pour Humbert : la séduire, ou plutôt : la foutre dans son pieu.

Le roman se découpe en deux parties. A mon sens, la première, portée sur la séduction de la petite Lolita, est la plus intéressante et de loin. Les échos des lecteurs de l'époque tendent à confirmer que cette partie est plus intéressante. On y suit les plans maléfiques d'Humbert pour approcher, puis conquérir sa dulcinée. Le salaud est vraiment prêt à tout. La deuxième partie, une fois la jeune fille conquise, s'éternise quelque peu sur le voyage du couple à travers le pays, entraînant quelques redondances. Je vais donc plutôt m'intéresser à cette première partie, si parfaite.

L'écriture de Nabokov est sublime. Humbert Humbert est-il un monstre, peu importe, le but n'est pas ici de juger ce type, toujours est-il qu'il nous narre à la première personne son addiction aux jeunes filles et à Lolita d'une écriture très fine, très poétique, avec des images parfois un brin scabreuses, toujours pertinentes, jamais vulgaires. On sent ici la patte d'un grand auteur, qui ne choque pas pour choquer, bêtement, comme tant d'autres ont pu le faire. Je dois bien avouer avoir parfois été émoustillé (comprendre: je bandais) devant les description des amours interdites de ce héros pas comme les autres. Pédophile (le mot n'est pas écrit une seule fois de tout le roman), il est malgré tout intelligent, voire érudit, drôle, malin. Suivre son petit jeu, ses petites machinations pour arriver à ses fins est passionnant. Les pages se tournent toutes seuls. Une fois conquise, le roman s'essouffle quelque peu. La chose est faite, l'horreur est accomplie, emballé c'est pesé. C'est un peu comme cet alpiniste qui grimpe un sommet : la descente y est moins intéressante.

Pendant ce temps le lecteur se garde bien d'émettre un jugement moral, devant ce Humbert dévoré par son amour, qui souffre terriblement, et sombre peu à peu dans la folie. Un très grand roman.
LeChiendeSinope
8
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le 11 mai 2010

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