Et Les Manchots Regardent Passer le Navire

Comme beaucoup, j'ai découvert Katarina Mazetti, suédoise de son état comme son nom ne l'indique pas du tout, avec "Le Mec de la Tombe d'à Côté". Malgré le succès et une présence insistante en tête de gondole, je m'étais longtemps abstenue jugeant la combinaison du titre et de la couverture des Editions Gaïa passablement tarte. Un coeur écarlate au creux d'une main de femme, sur fond de robe vichy bleu clair... amis de la subtilité, bonjour..., jusqu'à ce qu'une amie, peu portée sur la mièvrerie, me le recommande chaudement.
L'expérience fut heureuse et je ne demandais qu'à la réitérer avec "Ma Vie de Pingouin", en notant au passage un net progrès qualitatif niveau titre et couverture.
D'emblée j'ai trouvé l'idée de dérouler une histoire chorale sur un navire de croisière diablement habile et attrayante. Unité de lieu caractérisée à la fois par le confinement, mais aussi par la progression et le mouvement, peuplée d'individus inconnus les unes des autres mais faisant "sillage commun", le navire de croisière renferme intrinsèquement un ferment narratif très prometteur.
Il peut servir de décor à une énigme policière comme dans le mythique "Mort sur le Nil" ou, dans le cas, qui nous occupe à une exploration anthropologique à double tiroir.
Le lecteur pénètre dans les cabines, lit les journaux de bord par-dessus les épaules et écoutent les pensées des passagers qui eux-même s'observent les uns les autres, en plus de la faune et la flore qu'il sont venus admirer aux confins de l'hémisphère Sud.
Le résultat est très plaisant à lire, habilement construit et s'appuyant sur une variété de personnages savamment dosée. Il s'accompagne seulement du regret prononcé de ne pas en avoir fait l'expérience sur un navire de croisière bien réel, plutôt qu'en terre ferme...
Bonne lecture et bon vent si vous avez la chance d'emmener cette lecture quelque part sur les flots...
Amitiés,
Dustinette