L’auteur : Stephen King, célèbre écrivain originaire du Maine, a publié plus d’une cinquantaine de romans, dont sept sous le pseudonyme de Richard Bachman. Lauréat de nombreux prix littéraires, nombre de ses œuvres ont été portées à l’écran. Parmi les ouvrages les plus connus de celui qui est considéré comme le « maître de l’horreur et du fantastique », nous pouvons citer Shining l’enfant lumière, Ça, Le Fléau ou encore La Ligne verte. Marche ou crève est le second roman qu’il publie sous le pseudonyme de Richard Bachman.
Le livre : Ray Garraty, un adolescent de seize ans, a décidé de s’inscrire à La Longue Marche. Il s’agit d’une émission de télévision regroupant cent participants, qui sont exclusivement des garçons. Le but est simple : être le dernier survivant de ce jeu macabre qui propose de marcher jusqu’à épuisement à travers les États-Unis. En effet, les candidats ne doivent jamais s’arrêter ni passer sous la barre de 6,5 kilomètres/heure, sinon ils reçoivent un avertissement. Et au bout de trois avertissements, ils décrochent leur ticket – autrement dit, ils sont abattus. Pourquoi Ray a-t-il décidé de se mettre ainsi en danger ? Et a-t-il une infime chance d’être le gagnant ?
Mon avis : L’intrigue de Marche ou crève se déroule sur quelques jours, du premier au quatre mai. L’année ne nous est pas précisée, rendant tout ceci intemporel. Le premier personnage que nous rencontrons est Ray Garraty, qui vient du sud du Maine. Sa mère le dépose à regret, puisqu’il arrive là où le top départ de La Grande Marche va être donné. Nous faisons ensuite la connaissance de quelques autres candidats, mais le « commandant », présentateur et organisateur de cette épreuve de force, va leur attribuer des numéros, commençant ainsi un certain processus de déshumanisation, qui va aller crescendo. En effet, alors que des groupes se forment au début, ils ne vont pas tarder à se rendre compte que dans ce jeu, c’est chacun pour sa peau. Et tandis que les premiers morts vont être de réels traumatismes pour ces participants (tous ont moins de vingt et un ans), ils semblent s’habituer à l’horreur – ce qui est peut-être en définitive le plus choquant. Quant aux soldats, il ne semble y avoir aucune once d’humanité chez eux, puisqu’ils obéissent aux ordres et tuent ces gamins avec une incroyable indifférence.
Même si l’histoire est relatée à la troisième personne, l’auteur va particulièrement s’intéresser à Ray. Son père ayant été emmené par les Escouades, il habite avec sa mère qui lui fait part de ses craintes face à son engagement, ce qui nous laisse penser que ce qu’il s’apprête à vivre va être terrible. Il va se lier à trois autres personnages : McVries, Olson et Baker. Nous en apprenons plus sur leur passé lors de confidences qu’ils se feront tout en marchant. Nous découvrons rapidement le personnage abject du commandant, décrit comme « le monstre le plus rare et le plus dangereux qu’une nation eût produit, un sociopathe entretenu par la société » (p.21). Il y a aussi, Stebbins, qui sera bien difficile à cerner, Scramm, un jeune marié, ou encore Barkovitch, un être absolument détestable. Une prise de conscience va peu à peu s’opérer, car ils s’aperçoivent que ce show télévisé n’est rien de moins qu’une façon de provoquer sa propre mort, « sauf que le vrai suicide, c’est plus rapide » (p. 183).
Dès les premières pages, nous entrons dans le récit. La Grande Marche débute très vite, et le lecteur va échafauder divers plans qui se verront peu à peu mis à mal par l’auteur. D’ailleurs, il m’est arrivé plusieurs fois de m’imaginer un scénario, pour qu’il s’avère erroné quelques pages plus tard. Par ailleurs, Stephen King parvient très bien à capter l’attention de son lecteur, entre les candidats qui meurent d’épuisement, ceux qui abandonnent ou encore ceux qui deviennent fous. Cependant, je dois reconnaître que j’ai quelques réserves sur Marche ou crève. Tout d’abord, j’aurais espéré davantage de péripéties, peut-être des tentatives de rébellions ou de fuite. Par ailleurs, je me demande ce qui a justifié le choix d’une telle couverture. J’ai attendu de la neige tout au long de ma lecture, en vain. Quant au dernier chapitre, seul le mot « incompréhension » me permettrait de le définir. En effet, je n’ai compris ni son but ni son objet. Quel dommage de finir sur une telle note !
À recommander : À un public averti en raison de la violence présente dans l’ouvrage.
Une citation : « Elle regrettait en ce moment d’avoir été trop négligente, trop fatiguée, ou peut-être trop préoccupée par d’autres chagrins pour mettre fin dès le début à la folie de son fils, pour l’arrêter avant que la lourde machinerie de l’État, avec ses gardiens en kaki et ses ordinateurs, prenne la relève, pour l’enfermer de plus en plus chaque jour dans son insensible réalité, jusqu’à la veille où le couvercle était retombé avec un claquement définitif. » (p.15)
Ma chronique : https://loasislivresque.wordpress.com/2016/07/28/marche-ou-creve-stephen-king/