Northanger Abbey
5.9
Northanger Abbey

livre de Val McDermid (2014)

Il existe deux manières de considérer le Northanger Abbey de la Grande Val McDermid, et l’une comme l’autre ont une influence certaine sur la lecture et le plaisir que le livre procurera à son lecteur.


On peut prendre cet ouvrage comme un one shot issue de la plume d’une femme devenue reine du thriller depuis quelques années. Et clairement, lorsque l’on considère ses productions depuis le début de la série des Carol & Tony, on est tenté de foncer tête baisser dans la lecture de ce livre, avec un niveau d’exigences assez élevé (car même en dehors de sa dernière série, les one-shots de l’auteure reste, au pire, très agréable à lire) et des attentes qui ne seront probablement pas satisfaites.
Le lecteur « naïf » regrettera peut être de tomber sur un livre qui ne tend vers le thriller et l’horreur qu’une fois arrivée aux deux tiers et ressemble davantage à une romance pour adolescent. Même si l’auteure nous a prouvé mainte fois qu’elle maniait la plume avec talent, difficile de comparer ce Northanger avec ses publications récentes. Disons qu’à mon goût (qui est logiquement très subjectif), ce roman un peu décevant mériterait un petit 6 et donne l’impression de revenir au niveau des premières séries de l’auteure (quoi que j’ai apprécié les Kate Brannigan et Lindsay Gordon comme de bonnes petites enquêtes à lire à la plage).


C’est alors que devient importante la deuxième façon de voir l’oeuvre. Car il ne s’agit pas vraiment d’un roman créé de toute pièce par l’auteure à succès. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un remake. Car oui : Si les réalisateurs et producteurs s’amusent à en faire au cinéma, pourquoi ne pas tenter l’expérience avec la littérature ?


Northanger Abbey se doit donc d’être considéré comme un exercice littéraire, issue du « Projet Austen ». Le principe ? Un auteur moderne écrivant un remake de l’une des oeuvres de Jane Austen. De ce point de vu là, le livre prend une saveur bien différente.


Car comment prétendre rivaliser avec une auteure aussi classique que Jane Austen ? C’est un peu comme si Maxime Chattam décidait de réécrire Victor Hugo ou si Thilliez se lançait dans un remake de La Chartreuse De Parmes !


McDermid explique son intérêt dans la chose en expliquant « But the more I thought about it, the more it seemed to me that reworking her novels in a contemporary setting might encourage people who hadn’t experienced the originals to give them a try. It was still a pretty daunting prospect, thought ! ».


De ce point de vu là, la réussite est totale en ce qui me concerne. Car bien que je ne sois guère attirée par ce type de livre, j’ai bien vite couru chez mon libraire et me suis enquillé le Northanger Abbey de Jane Austen en un rien de temps afin de pouvoir juger le remake plus justement.
Et en prime, sitôt terminé mon premier Austen, je me suis procurée Pride And Prejudice, juste histoire d’en découvrir davantage.


Mais l’exercice est il réussit ? La transition entre le XIXème et le XXIème siècle se fait elle dans les règles de l’art ?
Et bien oui.
Car s’il était difficile d’imaginer comment une Catherine Morland puisse exister à notre époque, McDermid à trouver les astuces nécessaires pour ne pas modifier réellement son caractère. L’héroïne conserve donc toute sa candeur et sa naïveté -souvent agaçantes, objectif atteint- à une époque ou les jeunes femmes de 17ans, biberonnées aux réseaux sociaux et autres médias moderne semblent avoir perdu depuis bien longtemps cette innocence qui pouvait caractériser les contemporaines d’Austen. On se retrouve donc avec une héroïne bercée dans l’amour d’une famille aimante et protégée de la cruauté par un environnement relativement coupée du monde.
Une héroïne dont les fantaisies sont justifiées par un amour accru de la lecture, les romans de fiction faisant place à la SF et à la Fantasy. Cat est peut être plus éduquée ou plus intelligente que Catherine, mais elle n’en découvre pas moins le monde avec un oeil nouveau et plein d’excitation. Elle n’en est pas moins vulnérable à ses dangers et aux problèmes liés aux comportements sociaux du « grand monde » de son époque.


Les problèmes de communications qui amenaient les divers rebondissements dans l’oeuvre d’Austen sont adroitement résolue par McDermid à une époque où les GSM omniprésents risquaient de poser problèmes, et au final on se rend rapidement compte que les choses n’ont pas évolué tant que cela malgré les siècles passés. Les manipulateurs existent toujours, la malice est toujours présente, les dictats de la société n’ont que peu évolués et sont toujours bien puissants.


Les fans de l’auteure apprécieront également le twist final et reconnaîtront indéniablement la patte McDermid dans l’explication du comportement du Général Tilney. Car si l’argent fait toujours tourner le monde, le problème final n’aurait pas vraiment parut aussi crédible s’il avait été le même que celui d’Austen.


Au final donc, ce qui aurait put être un roman moyen pour une auteure de si grand talent s’avère être une lecture bien agréable puisque le lecteur connaissant déjà les grandes lignes aura le plaisir plus subtile de découvrir comment le livre a été modernisé et quels subterfuges auront été utilisés pour réussir l’exercice. Car il s’agissait aussi bel et bien d’un exercice qui s’avère plus que réussit : Là où l’on pourrait se contenter d’un simple pastiche, on sent le travail d’auteur et la patte de McDermid tout en retrouvant l'oeuvre d'Austen. Certes, Northanger Abbey ne trônera pas dans mon top 3 et ne sera pas mon préféré de l’auteure, mais il m’a assurément apporté un certain plaisir. La question de savoir s'il est meilleur que l'original ne se pose pas vraiment (du moins je ne me la pose pas), mais je dirai que McDermid n'a pas à rougir d'avoir tenté le coup.

Gaby_Aisthé
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Romance & Chamallow et Ma bibliothèque

Créée

le 17 juin 2018

Critique lue 173 fois

2 j'aime

Gaby Aisthé

Écrit par

Critique lue 173 fois

2

D'autres avis sur Northanger Abbey

Northanger Abbey
Nerubie
4

Vide.

Le livre est bien écrit, et se lit bien si on fait abstraction du fait que l'auteur a tant voulu le rendre trop moderne et nous parle à tout bout de temps de "Facebook et Twitter", "selfies" et...

le 8 août 2014

2 j'aime

2

Du même critique

Jurassic Park
Gaby_Aisthé
9

Critique de Jurassic Park par Gaby Aisthé

Voyons voir... 1993 + 10 = 2003....+10 = 2013. Ce qui nous fait un film de 20 ans et des poussières. Et bim, le coup de vieux en pleine tête ! Lol Ceci dit, si j'ai vieillis depuis mon premier...

le 1 mai 2014

14 j'aime

4

Orgueil & Préjugés & Zombies
Gaby_Aisthé
5

On était pas loin d'avoir un très bon film pourtant...

En découvrant il y a quelques mois que la parodie Pride Prejudice and Zombies allait être portée à l'écran, mon enthousiasme n'eut d'égal que mon impatience de voir ce petit bijoux à venir. Et de...

le 8 mars 2016

13 j'aime

Galaxy Quest
Gaby_Aisthé
8

Critique de Galaxy Quest par Gaby Aisthé

Avant de juger de ma note sur ce film, il y a deux choses à savoir à mon sujet. À l'époque où je l'ai découvert, j'étais raide dingue d'Alan Rickman et assez fan de Sigourney Weaver. À présent, j'ai...

le 1 mai 2014

13 j'aime

3