C'est là que réside la véritable horreur.
NE LISEZ PAS CETTE QUATRIÈME DE COUV AVANT LE LIVRE!
(Je trouve aussi très regrettable la nouvelle traduction du titre, qui retire un côté hantise éthérée que lui conférait la précédente à mon sens. "Nous avons toujours vécu au château", traduction correcte, très factuelle... Mais on y perd beaucoup en pré-atmosphère.)
J'ai dégotté mon édition de ce bijou classique à 17 ans, sur un stand de vieux bouquins sur un marché d'été.
Je n'avais jamais entendu parler de Shirley Jackson, mais j'ai été envoûtée par le titre: "Nous avons toujours habité le château"... comme si c'était dans les entrailles du château que les habitants vivaient, depuis toujours et à jamais, tels des spectres ne faisant plus qu'un avec les murs... impression renforcée par l'illustration de couverture, un visage se fondant dans une vieille bâtisse (éditions Le Masque Fantastique des 70's).
Et là, le drame qui aurait pu me dégoûter de moult belles lectures: la fameuse quatrième de couv qui fait miroiter un récit fantastique, horrifique... Donne hâte de découvrir ces histoires surréalistes de loups garous, ces soupçons de crime portant sur la jeune Mary Katherine, certainement infondés...Quelle déception à ma première lecture! Rien n'a de rapport avec ce qui est évoqué? On me spoile des soupçons qui portent en fait sur Constance tout du long? Des rumeurs qui n'existent pas dans le village? L'auteur de ce texte semble n'avoir lu que les premières pages et vaguement feuilleté le reste... Cette 4e de couv a gâché toute ma première impression de lecture par des attentes fallacieuses.
Alors que ce récit plutôt contemplatif est particulièrement agréable, on se sent bien dans le château avec cet étrange petit noyau familial de survivants cohabitant en harmonie. (J'ai fait l'expérience de cacher l'arrière du livre à ma sœur en la mettant en garde avant qu'elle le lise et elle a adoré immédiatement.) Et pour moi aussi, c'est maintenant un des foyers singuliers où j'aime revenir régulièrement, au travers des yeux et pensées étranges de Mary-Katherine Blackwood.
Tout le monde n'aimera pas ce type de roman qui tire son charme de son ambiance plus que de rebondissements en série, mais quand on est sensible à la bizarrerie de type eerie, qu'on est bien ici...