Pas de doute, le livre que vous tenez entre vos mains est un "Chattam" : un thriller-épouvante efficace, rythmé, parfois difficilement supportable dans le degré d'horreur qu'il visite, toujours d'un noir poisseux.
Et Chattam, avec "Prédateurs", réussit à plusieurs niveaux. Notamment, et c'est original, le fait de situer l'enquête de ce livre policier au sein même de la guerre, en plein débarquement. Mise en abîme des atrocités. Double tension, celle provenant des bombes, celle provenant d'un psychopathe particulièrement violent.
Il marque également des points avec les lieux qu'il choisit pour le déroulement de son livre. Qu'il s'agisse des cales sombres d'un navire de guerre, de la forêt impénétrable, du petit village et de son église cadavérique, de la ferme isolée ou encore du château, leurs descriptions respectives permettent à chaque fois - et toujours différemment - de distiller une angoisse sourde. Un cocon parfait pour l'incubation de nos peurs, pour la distillation lente de l'encre noir dans notre imagination.
Maxime Chattam, dans ce livre, parvient également à brouiller les pistes (presque) jusqu'à la fin. Tout le monde, sans exception, devient tour à tour suspect, jusqu'à se demander si le narrateur lui-même ne serait pas le tueur. Malheureusement, ce jeu de fausses pistes devient, à mesure que l'on avance dans l'histoire, de plus en plus bancal et tiré par les cheveux. Chattam joue avec nous, mais va trop loin. Et j'ai fini par trouver cette mécanique très grossière à la fin, artificielle et - à chaque fois qu'il essaye de nous jouer un tour - on finit bel et bien par s'en rendre compte.
C'est dommage...
Finalement, "Prédateurs" ne fait pas non plus dans l'originalité. Un thriller aux personnages bien souvent caricaturaux, non sans faire penser à ceux des séries policières américaines, notamment NCIS. Un chef à l'instinct aussi affûté que son couteau, un vieux docteur original et plutôt sympathique, une scientifique qui s'implique plus que de raison à cause de son enfance tourmentée, ça ne vous rappelle rien ? Si, si...
Bref, "Prédateurs" est un thriller sympa, bien mené, qui vous secouera sans doute dans ses descriptions macabres et vous tiendra en haleine jusqu'au bout (ou presque... les dix dernières pages de blabla pseudo-philosophique enrobés d'une allégorie lourdingue, on s'en passerait bien). Et c'est déjà pas mal.